Avec une taille pouvant atteindre les 19 mètres et un poids de 20 tonnes, le Spinosaurus obtient incontestablement le statut de plus grand prédateur de tous les temps au détriment même du Tyrannosaurus rex popularisé par le cinéma. Comment se nourrissait donc ce dinosaure géant dont le squelette complet a été reconstitué grâce à des fouilles menées à Kem Kem au Maroc ?
La réponse nous vient d’une équipe conjointe de scientifiques de l’université portugaise de Nova Lisboa et du Musée Lourinhã, rapporte la presse espagnole. Selon leurs conclusions basées sur l’étude de la mâchoire de l’animal, ce prédateur semi-aquatique avalait ses proies équivalant à la taille d’une voiture un peu comme un pélican. L’étude révèle que l’extension latérale de la mâchoire du Spinosaurus était rendue possible grâce à une articulation mobile entre les parties gauche et droite.
«Les Spinosaurus étaient des animaux très étranges avec un crâne semblable à celui d’un crocodile, une longue mâchoire et des dents étroites et coniques», analyse Octavio Mateuse de l’Université Nova Lisboa. «Des preuves directes indiquent que ces dinosaures se nourrissaient de poissons et notre étude suggère pour la première fois qu’ils étaient capables d’avaler des proies de grande taille d’une manière similaire à celle des pélicans que nous connaissons aujourd’hui», complète Christophe Hendrickx de Nova Lisboa.
L’intérêt de lancer de nouvelles fouilles au Maroc
Les conclusions des chercheurs indiquent également que des analyses d’os crâniens accréditent la thèse de l’existence de deux espèces de Spinosaurus. La première aurait vécu dans le Crétacé moyen il y a 100 millions d’années dans ce qui constitue maintenant le Maroc. Une autre identifiée comme le Spinosaurus aegyptiacus, un dinosaure semi-aquatique. Selon Eric Buffetaut du Centre national de la recherche scientifique en France, «cette lignée de dinosaures qui a mené aux Spinosaurus remonte au jurassique. Elle s’est progressivement adapté à un mode de vie semi-aquatique».
Les auteurs de la recherche émettent cependant des réserves sur l’existence de deux espèces de Spinosaurus expliquant que les fossiles découverts au Maroc contiennent aussi des restes d’autres animaux. «Seule la découverte de fossiles supplémentaire au Maroc pourrait permettre de confirmer notre hypothèse de la présence de plus d’une espèce de Spinosaurus», concèdent les chercheurs. Une annonce qui permettra de relancer l’intérêt de nouvelles fouilles au Maroc !