D’Ahfir près de Berkane dans la région de l’Oriental, une jeune marocaine a fait une longue traversée de 11 jours pour rejoindre l’île grecque de Lesbos. Sac à dos chargé de ses dernières économies et courage en bandoulière, la jeune divorcée de 32 ans laisse derrière elle 2 enfants et embarque dans une embarcation de fortune dans l’espoir de rejoindre l’Europe occidentale en se faisant passer pour une syrienne, relate Al Jazeera.
«Je me souviens du bruit de la mer, même si je ne pouvais voir quoi que ce soit. Je craignais tellement pour ma vie que je me sentais mourir», raconte-t-elle. A son arrivée au camp de Moria à Lesbos, premier centre d’enregistrement des immigrés, ses ennuis commencent. La jeune femme découvre un sac à dos vidé de son contenu. Ses subsistances de voyage envolées, c’est la désillusion !
Elle rencontre un groupe d’hommes marocains. «Ils m’ont dit de continuer le voyage avec eux. Quand j’ai refusé, ils sont devenus agressifs et m’ont dit que je serai seule». Ses économies envolées, elle a réussi à joindre le Pipka, un abri géré par des volontaires où elle a pu bénéficier d’une couverture. «Je veux juste trouver un emploi, peu importe lequel, envoyer de l’argent à mes enfants, puis les faire venir afin que nous soyons réunis. Je veux leur donner une bonne éducation et une bonne vie».
Femme voyageant seule, une cible d’abus sexuels
La jeune femme non accompagnée et sans argent n’a même pas réalisé qu’elle pouvait être la cible d’abus sexuels parmi les réfugiés comme l’ont pointé plusieurs rapports d’organismes et d’ONG internationaux. Selon des témoignages recueillis par le HCR, les femmes ayant épuisé leur argent ou qui l’ont perdu en chemin sont obligés de se livrer à une prostitution de survie quand elles ne sont pas la cible de viols ou d’abus dans les camps.
«Des cas de violences sexuelles ont été signalés à notre personnel. Sur un des îles, notre personnel de protection a empêché le viol d’une jeune femme par un groupe d’hommes» raconte, Ron Redmond le porte-parole du HCR en Grèce. Dans un récent rapport, l’ONG Save the Children a dénoncé des cas d’abus sexuels dont une tentative de viol par un homme sur une jeune fille alors que celle-ci se rendait aux toilettes.
Dans le même sens, une responsable de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a pointé la difficulté d’identifier les personnes à risque dans le groupe et de protéger les personnes vulnérables. Elle explique que le plus souvent, les migrants font plus confiance aux passeurs qu’aux organisations, ce qui pourrait alimenter les trafics et accentuer les abus notamment sexuels. Les femmes non accompagnées et les mineurs perdus sont les plus vulnérables et sont la cible de tous les traitements et de tous les abus. Mais Samira, le savait-elle avant d’embarquer vers l’Ile grecque ?