«La parité est une vague géante qui envahit le monde», a averti Abdelilah Benkirane devant les femmes de son parti à l’occasion d’une réunion interne tenue à Rabat. «Nous nous n’y sommes pas opposés» a-t-il ajouté mais en appelant à la «vigilance» avant de s’approprier ce principe qui, selon ses dires, vient «d’ailleurs» pour éviter des «catastrophes».
Dans une allocution de 23 minutes, le secrétaire général du PJD a invité ses «sœurs» à apporter leur «touche» en tenant compte de «notre référentiel islamiste», et ce en vue d’une «humanisation» et d’une «rationalisation de la parité».
Contre «les promoteurs de la parité mécanique»
Benkirane a exhorté son mouvement féminin à «la vigilance», mettant en garde ses députées et membres femmes du conseil national de la Lampe contre «la parité mécanique» prônée par certaines parties. Il a ensuite expliqué que jusqu’à présent «aucune étude n’a examiné les effets de l’application» de ce droit «sur les sociétés». En vue d’étayer sa position, il est revenu à son sujet favori, à savoir le travail des femmes. Le chef du gouvernement s’est permis d’établir un lien entre l’emploi des femmes et la croissance démographique qui a chuté, selon lui, «de 7% à 2% au Maroc».
Le timing de cette intervention n’est pas innocent. Il coïncide avec l’examen par la commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants du projet de loi portant création de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination, conformément à l’article 19 de la constitution. La préparation de ce texte confiée au ministère de la Solidarité et de la Famille dirigé par la PJDiste Bassima Hakkaoui, a accusé un net retard. Il n’a été adopté en conseil de gouvernement qu’en mars dernier après une longue période d’hésitation.
Ce texte, faut-il le rappeler, n’a pas eu l’adhésion des associations féministes. En témoigne les griefs de l’Association démocratique des femmes du Maroc. L’ADFM mène depuis des mois une campagne auprès des députés de l’opposition pour les inciter à introduire des modifications à la copie présentée par Mme Hakkaoui. En prévision de cette joute juridico-politique, Benkirane a ordonné à ses «sœurs» d’être «courageuses» et «déterminées» à défendre leur référentiel islamiste et imposer leur «touche» à la parité.