Ce devait être un voyage de rêve qui devait permettre aux enfants de se rendre à Disneyland et de visiter les Studios Universal aux Etats-Unis. Mais le voyage a tourné court avant même d’avoir commencé. Après avoir épargné plus de 9 000 livres sterling, Mohammad Tariq Mahmood et son frère qui vivent à Walthamstow, avaient prévu d’emmener leurs 9 enfants en Californie, aux Etats-Unis. Billets en main et détails du voyage ficelés, ils se sont rendus à l’aéroport de Sussex dans le sud de Londres d’où un vol de la Norwegian Airlines devait les amener vers leur voyage familial de rêve.
Seulement au moment des formalités d’embarquement, la famille musulmane d'origine pakistanaise est approchée par un agent britannique du contrôle aux frontières. L'agent explique que ses homologues du département américain du Homeland Security (sécurité intérieure) lui ont signifié que la famille ne pouvait pas embarquer à bord du vol. Il leur a annoncé que leurs autorisations de voyage avaient été annulées sans autre forme d’explications, rapporte la presse britannique.
Pourtant détenant des passeports britanniques, la famille Mahmood était autorisée à voyager vers les Etats-Unis dans le cadre du programme d’exemption de visas entre les deux pays. Mais les 11 membres de la famille Mahmood ont été escortés hors de l'aéroport après que les articles achetés dans les boutiques Duty-free ont été rendus. Pour un des frères Mahmood l’explication de ce refus n’est pas à chercher bien loin, elle se trouve dans leurs convictions religieuses. Il a fait savoir au Telegraph qu’«avec les attaques aux Etats-Unis, ils pensent que chaque musulman est une menace».
Des refus d'embarquer visant la communauté musulmane
La mésaventure de la famille Mahmood a dépassé l’enceinte de l’aéroport de ce petit comté au bord de la Manche situé au sud de Londres. Une députée du parti travailliste a saisi le premier ministre britannique, David Cameron, pour demander des explications aux autorités américaines sur le refus de l’autorisation d’embarquer de la famille musulmane. La jeune députée s’est dite préoccupée sur le nombre croissant de musulmans britanniques empêchés de s’envoler à destination des Etats-Unis sans justification.
Elle explique s’être «heurtée à un mur de briques» en tentant d’obtenir plus d’explications des autorités américaines sur la mésaventure de la famille musulmane relevant de sa circonscription. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a saisi le premier ministre britannique. La députée estime que «le vide crée par ce refus de motiver les décisions alimentent un ressenti et la polémique». Elle ajoute que «les discussions en public ou en privé font écho à la crainte croissante que les musulmans britanniques sont en train d’être "Trumpérisé" faisant allusion aux propos polémiques de Donald Trump sur l’arrêt total et complet de l’entrée aux Etats-Unis des musulmans.
La jeune députée a d’ailleurs appelé les parlementaires à être plus fermes face à ces refus américains non justifiés. «Il y a une semaine, les parlementaires étaient tous d’accord que les positions de [Donald] Trump étaient des plus odieuses. Maintenant nous devons faire plus que rehausser les épaules face à des politiques de sécurité américaines secrètes» qui laissent les musulmans britanniques dans une totale incertitude lorsqu’ils voyagent vers les Etats-Unis. Sa lettre a fait mouche puisque le 10 Downing Street a indiqué que le premier ministre préparait sa réponse.
La famille Mahmoodi ne pourra même pas récupérer le montant dépensé pour les 11 billets d'avions. La compagnie aérienne a expliqué qu'elle ne procédera pas au remboursement des billets car elle n'est pas responsable du refus d'embarquer. Comme quoi, un malheur ne vient jamais seul!
AAA