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Grand Angle

Maroc : La coïncidence du Mawlid avec Noël cette année fait le bonheur des chrétiens

Début décembre, des chrétiens marocains demandaient au roi Mohammed VI la possibilité de célébrer en toute liberté leurs festivités. Alors que les chrétiens du monde entier célèbrent Noël ce 25 décembre, au Maroc comme dans tous les pays musulmans, l’événement coïncide avec la fête du Mawlid Nabawi célébré le 24 et marquant la naissance du prophète Mohamed. Un fait peu commun qui réjouit de nombreux chrétiens résidant au royaume. Explications.

Publié
Photo/Ilyas Essadek
Temps de lecture: 3'

Grâce à la fête du Mawlid Nabawi célébrant la naissance du prophète Mohamed le 24 décembre 2015 au Maroc, les chrétiens catholiques et protestants du royaume chérifien auront cette année l’occasion de profiter d’un jour férié pour la fête de Noël. Un fait rarissime qui en réjouit plus d’un. Romaric Kaboré, étudiant burkinabé à l’IAV de Rabat et membre du service d’ordre à l’Eglise St. Pie X a pu s’impliquer dans les préparatifs. «Auparavant, ce n’était pas possible, vu qu’on avait cours», confie le jeune homme qui s'est dit «choqué» lors de sa première année par le contexte marocain. «Mais comme on dit, l’habitude devient une seconde nature. Ça ne me fait plus rien», dit-il.

Contrairement à lui, son camarade de classe, Xavier Faye, Sénégalais, n’est pas très déphasé par l’ambiance marocaine. Venant du Sénégal où la majorité de la population est de confession musulmane, il n’a pas vraiment ressenti la différence. Mais il se réjouit de pouvoir «enfin» assister à la messe du réveillon cette année à la cathédrale Saint Pierre qu’il a l’habitude de fréquenter les dimanches. Les deux amis n’auront pas de sapin de Noël à la maison, mais ne s’en plaignent pas. «C’est presqu’impossible pour moi, parce que ce n’est pas mon truc de faire ces décorations. Au Sénégal, c’est ma maman qui s’en chargeait», confie l’étudiant.

A Marrakech, Claire*, Congolaise et membre de l’Eglise évangélique au Maroc (EEAM), pense que ces jours fériés feront beaucoup de bien, aux enfants surtout. Ce sont eux qui sont à l’honneur à Noël au sein de l’église protestante. «Ils font plusieurs prestations, accompagnés par les plus grands», affirme la jeune lauréate en droit public. Ce que confirme Armel Zadi, un ivoirien qui dirige la chorale de l’EEAM de Fès. Mais dans cette paroisse particulièrement, les fidèles commémoreront la naissance de Jésus en plein programme de jeûne et prière. «C’est notre façon de préparer l’année 2016», dit-il.

Noël au Maroc, c’est différent mais plus intéressant

Pour tous ces jeunes, célébrer Noël au Maroc est «très différent» de ce qui se fait dans leur pays d’origine respectif, toutefois ils assurent que «c’est plus intéressant». «Là-bas, on privilégie l’aspect festif. Or ici, la fête a plus de sens spirituellement pour nous», explique Xavier Faye.

Un avis partagé par les responsables religieux de ces deux dénominations chrétiennes. «En RDC [République démocratique du Congo, ndlr] d’où je viens, fêter Noël est beaucoup plus devenu une habitude. Qu’on le veuille ou pas l’atmosphère du pays pousse les gens à fêter d’une manière ou d’une autre. Alors qu’ici, c’est la signification spirituelle de Noël qui est mise en avant. C’est plus intéressant», explique Nicolas Nyembélé, pasteur à l’EEAM de Casablanca. «A l’exception de cette année, Noël est généralement un jour ouvré au Maroc. Les gens sont donc habitués à travailler. Du coup, cela permet au chrétien de se rappeler de la richesse de ce moment», argue-t-il, soulignant que la fête est soigneusement préparée dans sa paroisse, afin que les fidèles puissent bien en profiter. Surtout que pendant trois à quatre ans, l’EEAM de Casablanca n’a fait aucune activité pour l’occasion. «En pleine semaine de travail pour les uns et d’études pour les autres, ce n’était pas évident. Mais depuis deux ans nous avons repris avec le traditionnel réveillon à la demande des paroissiens», explique le pasteur.

«Une belle grâce»

Le père Daniel Nourissat de l’Eglise Notre Dame de Casablanca abonde dans le même sens. Pour lui la coïncidence de Mawlid avec noël cette année est «une belle grâce». Ici la soirée du réveillon est faite de «chants à la gloire de Dieu et des prières pour la paix». «Dans un monde où les conflits ne cessent de naitre, nous prions pour la paix sous toutes ses formes», explique ce prêtre qui s’attend à voir dans l’assistance «quelques Marocains». «Je sais qu’il y en aura», dit-il. Hasna* vit à Mohammedia et a l’habitude de sillonner l’église de son quartier lors de la messe de noël. «Avec mes cousines qui viennent d'Europe pour leurs vacances, on va parfois devant le portail d’église, on regarde, mais on n’entre pas, donc on ne sait pas ce qu’ils font à l’intérieur», témoigne-t-elle amusée.

Mais contrairement à cette jeune femme, certains Marocains vont dans ces églises parce que convertis et désirant prendre part aux messes et cultes, comme l’ont souligné dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, début décembre,  un groupe de Marocains chrétiens désirant célébrer librement leurs festivités.

Et comme le disaient certains responsables religieux, alors qu’ils témoignaient de l’ouverture des autorités marocaines à la liberté de culte, ils ne peuvent pas -en vertu de la loi- chasser les Marocains qui se joignent d’eux-mêmes à leur messe.

*Le prénom a été changé à la demande de l'intéressée.

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LOL
Auteur : Tyler483
Date : le 28 décembre 2015 à 14h05
"Début décembre, des chrétiens marocains demandaient au roi Mohammed VI la possibilité de célébrer en toute liberté leurs festivités."

Cette première phrase suffit à se faire une idée sur conditions de vie des chrétiens au Maroc. Rien d'autre à ajouter
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