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Grand Angle

Tunis après l’attentat : Deux MRE témoignent

L’attentat perpétré hier à Tunis et revendiqué par Daesh a propulsé la capitale tunisienne au cœur de l’actualité internationale. Depuis hier, l’Etat d’urgence et un couvre-feu ont été décrétés. Deux MRE racontent comment elles, ainsi que certains compatriotes, vivent cette situation.

Publié
Photo / Fethi Belaid / AFP
Temps de lecture: 3'

«La Tunisie et le Maroc, c’est deux pays assez proches. Du coup, les Marocains vivent ce qui se passe de la même manière que les Tunisiens», confie d’entrée de jeu Zineb une Marocaine résidant à Tunis depuis trois ans avec son mari également Marocain et leurs enfants.

D’après elle, la peur est omniprésente chez tous les habitants de la capitale après les différents attentats perpétrés cette année, notamment celui du Bardo. Et l’attaque de mardi sur un bus de la garde présidentielle faisant au moins 13 morts et 20 blessés est venue renforcer le sentiment d’insécurité. «Il y a des choses qu’on ne fait plus. Moi par exemple, je n’emmène plus mes enfants dans les grandes surfaces», confie la jeune dame.

L'impression qu'un jihadiste n'est jamais loin

Son amie Hasna, qui lui rend visite cet après-midi, abonde dans le même sens. «J’éviterai les grandes surfaces et les endroits à foule l’après-midi», déclare cette Marocaine mariée à un Tunisien et résidant dans le pays depuis 13 ans. Elle a été particulièrement touchée par cet événement tragique car elle aurait pu en être victime. «Quinze minutes avant l’attentat, j’étais sur l’avenue Mohammed V [lieu du drame, ndlr]. Je suis passée là avec mes enfants. Quand mon mari m'a appelé pour m’informer, je n’en revenais pas. Personne n’est à l’abri», confie-t-elle.

Le sentiment de peur est renforcé par l’enrôlement prononcé des Tunisiens dans les rangs de Daesh. Ils y sont en effet plus de 3 000 partis faire le jihad. «On a l’impression que désormais on connait forcément quelqu’un lié d’une manière ou d’une autre avec un (ou prétendu) jihadiste», affirme Zineb, confiant que les deux frères de sa domestique sont actuellement détenus, car suspectés de jihadisme. Le neveu d’une de ses connaissances s’est également fait arrêté. «C’est flippant. Après on n’essaie de faire la part des choses», souligne la jeune dame qui n’a toutefois pas hésité à renforcer la sécurité de son domicile. «Avec mon mari, on a installé des barbelés autour de la maison et pris deux gardiens qui travaillent à tour de rôle. C’est pas le top, mais c’est mieux que rien», dit-elle.

Depuis hier, le gouvernement a décrété l’état d’urgence et un couvre-feu de 21h à 5h du matin qui sera effectif jusqu’à nouvel ordre. Et cela est assez mal vécu. «On a l’impression de vivre l’après révolution», estime Hasna. «Aujourd’hui à titre d’exemple, les gens avaient les nerfs à vif, car au moindre incident, on s’imagine le pire. La psychose quoi ! C’est un peu embêtant», ajoute-t-elle. «En tant que Marocaine, je ne suis pas habituée à ce genre de chose», explique Zineb.

Aucune communication de la part de l'Ambassade ?

Les deux MRE relativisent toutefois, estimant que le problème sécuritaire est devenu une affaire planétaire. «On n’est plus en sécurité nul part. Donc la vie continue !», concèdent-elles. Enseignante dans un lycée français, Hasna a normalement travaillé ce mercredi. « C’est vrai qu’il y avait beaucoup d’absents, mais j’ai dispensé le cours comme il se doit. Et mes enfants ont eu leur activités habituelles dans l’après-midi», assure la jeune femme.

Le plus gênant en revanche pour ces Marocaines, c’est qu’il n’y aurait pas eu de communication de la part de la diplomatie marocaine. «Ni l’ambassade, ni le consulat ne nous a contacté pourtant ils ont nos numéros de téléphone», affirme Zineb. Egalement détentrice de la nationalité française, elle peut constater la différence entre la gestion des deux diplomaties. «Nous recevons assez régulièrement des mails de l’ambassade de France sur les instructions pour ses ressortissants, mais rien de la part de l’ambassade du Maroc. C’est assez étonnant», regrette-t-elle, estimant cela en déphasage avec la situation qui prévaut. 

L’attentat contre la sécurité présidentielle tunisienne a été revendiqué cet après-midi par Daesh. Dans la foulée, le Maroc a témoigné de son soutien au pays voisin qui met les bouchées doubles pour renforcer sa sécurité.

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c est grave
Auteur : achman
Date : le 26 novembre 2015 à 02h07
c est grave
toujours vivant?
Auteur : KOVACK73
Date : le 25 novembre 2015 à 22h31
ils attendent que quelqu'un meurt pour lui envoyer un message (et encore), genre s'il répond il est encore vivant. c'est décevant ce manque de valeur qu'ils montrent pour leurs MRE ou juste nationaux.
Aucun professionnalisme et c'est dommage
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