L’histoire de Karim a été rapportée par le site du quotidien régional français Sud-Ouest. Ayant obtenu un visa touristique, il arrive à Paris, où vit sa sœur, en 2003. Le jeune homme n’est jamais retourné au Maroc depuis lors. En France, il survit en effectuant des petits boulots. Des petits marchés parisiens, il décroche un contrat à durée déterminée (CDD) à Marseille, rapporte encore le journal. Selon la même source, son employeur à Marseille lui aurait promis de le régulariser, mais sans suite puisque l’employeur de Karim mettra fin à son CDD.
Le jeune homme finit par poser ses valises à Bordeaux, mais la pilule de ses frustrations accumulées est trop difficile à avaler. Il se rend au commissariat central de Bordeaux pour déposer une plainte mardi dernier, à en croire Sud-Ouest. Il espère certainement obtenir réparation de son patron, mais surtout obtenir enfin une situation régulière en France. Au lieu de cela, le jour d'après, il lui est remis un arrêté de reconduite à la frontière. La prochaine étape du périple du jeune homme sera donc le retour aux sources. Un retour que Karim a des raisons de redouter, à cause de son homosexualité.
Difficile en effet pour lui de retourner dans une société où son orientation sexuelle est perçue comme une offense à l’ordre naturel des choses, mais surtout à l’Islam. Karim et son avocat pensent qu'il vivra de multiples percécutions, justifiant ainsi un staut de réfugié pour cause d'oritentation sexuelle. «Karim sera encore plus démuni, marginalisé, mis au ban par sa famille et notamment son père qui est imam et par la société», résume son avocat, pour justifier l'opposition à l’expulsion de son client.
Mais que risque-t-il réellement ? Le rejet de sa famille, de ses amis, du voisinnage ? Bien plus selon le quotidien qui rappelle que l’homosexualité est punissable de trois années d’emprisonnement. Pourtant dans les faits, cette condamnation n'est prononcée qu'en cas de flagrant délit, ou trouble à l'ordre public. Donc à moins de débarquer au Maroc avec une pancarte indiquant «homosexuel et fier de l’être», ou d’organiser un défilé de la «Gay pride», Karim ne devrait pas avoir à faire avec la justice au Maroc.
Le cas du célèbre écrivain marocain Abdellah Taïa est un exemple patent. Si son homosexualité pleinement assumée n’est plus un secret au Maroc, et qu’elle lui a d’ailleurs valu les pires critiques dans son entourage, l’homme qui vit entre la France et le Maroc, n’a pas été traduit en justice. Au contraire, on assiste plutôt à une médiatisation de l'écrivain dans la presse, comme dans les télévisions nationales. Il était même dernièrement à Tanger avec Tahar ben Jelloun, Juan Goytisolo, John Hopkins et Pierre Bergé à l'inauguration de la libraire des Colonnes.
En tout cas, si l'homosexualité devient un motif sérieux pour être légalisé en France, beaucoup d'étrangers en situation irrégulière n'hésiteront pas à profiter de la jurisprudence Karim, en changeant opportunément d'orientation sexuelle.