Le royaume devra faire face à des expulsions de plus en plus nombreuses de ses ressortissants ou d’anciens binationaux déchus de leur nationalité non-marocaine, accusés ou suspectés d’activités terroristes en Europe. Des mesures en ce sens ont déjà été prises par les autorités françaises, italiennes, suisses et belges contre des MRE. La tendance pourrait s’accélérer encore plus alors que le Vieux continent s’apprête à opérer un tour de vis sécuritaire, une conséquence directe des attentats de Paris du 13 novembre.
Un défi pour Rabat
Le Maroc est-il préparé à recevoir des dizaines voire même des centaines de radicaux dans ses prisons ? Le projet de loi de finance de 2016 a en tout cas consacré 1,4 milliard de dirhams à la construction de 14 centres pénitenciers dont quatre dans la région Casablanca-Settat. Un effort qui devrait se poursuivre d’ici 2018 avec l’inauguration de 37 nouvelles prisons en vue de limiter le danger du surpeuplement dans le milieu carcéral.
Néanmoins le défi pour les autorités marocaines ne se situe pas simplement à ce niveau mais les autorités devront aussi adopter une autre approche face à des extrémistes d’un autre genre. Leurs profils différents pour la plupart des salafistes connus par les services de sécurité marocains qui ont suivi, pendant quelques années, un parcours religieux avant de franchir le cap de la radicalisation. Une grande partie de ces Marocains expulsés d’Europe est passé directement de la criminalité au djihadisme. Le processus de radicalisation a été très rapide.
«Il est dans l’intérêt de Rabat de trouver, en partenariat avec les pays de l’Union européenne, une solution à ce problème. La France ou la Belgique veulent se débarrasser de ces extrémistes en les renvoyant au Maroc. Ce n’est d’ailleurs pas la bonne recette pour éradiquer le phénomène», affirme à Yabiladi Driss Ganbouri, spécialiste en mouvements islamistes. Et d’ajouter qu’«il serait préférable pour les Etats de l’UE de prospecter d’autres voies à commencer par la mise en place d’une réelle politique d’encadrement religieux chez eux dans leurs propres mosquées de leurs communautés musulmanes».
Force est de constater que le Maroc sera obligé par engagement envers ses citoyens d'accueillir, même en prison, des terroristes ou d’aspirants djihadistes alors qu’il n’a pas contribué ni de prêt ni de loin à leur radicalisation.