Début décembre, les armées mauritanienne et malienne ont attaqué des convois de narcotrafiquants et ont arrêté plusieurs d'entre eux. Les Mauritaniens ont capturé un certain Sultan Ould Bady, soupçonné d’être un gros marchand et recherché dans la sous-région. Les Maliens pour leur part, ont annoncé l’arrestation de six «gros» trafiquants de drogue, «issus des rangs du Polisario». Le week-end dernier, ils ont une nouvelle fois, saisi un autre «élément» du réseau, à la frontière entre le Mali et l’Algérie, d’après un responsable malien des services chargés de la lutte contre le trafic de drogue.
«Nous avons arrêté, dimanche, un autre élément à la frontière entre le Mali et l'Algérie. A ce stade de l'enquête, nous pouvons dire qu'avec la Mauritanie, nous venons d'arrêter les principaux membres d'un des plus importants réseaux de trafiquants de drogue dans le Sahara», a-t-il dit. Une autre source, cette fois-ci du Niger, a indiqué à l’AFP, que «c’est l'un des principaux réseaux de trafiquants dans la zone du Sahara, surnommé +Polisario+ parce qu'il était composé à plus de 90% d'éléments issus des camps du Polisario. Il avait des relais dans chaque pays de la bande sahélo-saharienne».
Liens établis par la DGSE française
Les présumés trafiquants seraient à l’heure actuelle, détenus en Mauritanie et au Mali. Mais selon la source sécuritaire malienne, Sultan Ould Bady (Ould Baddi), blessé lors de son arrestation en Mauritanie, serait le chef du groupe. On en sait désormais un peu plus sur le groupe, car à l’instar d’Ould Bady, d’autres noms des personnes arrêtées ont été cités. Il s’agit de Farha Ould Hmoud Ould Maâtallah, ancien militaire vivant dans les camps de la région de Tindouf (sud-ouest de l'Algérie), Breika Ould Cheikh, présenté comme un élément du Polisario, et Lahcen Ali Ould Brahim, surnommé Grandayzar, né en 1970 à Tiaret en Algérie.
Ces informations confirment en partie, une note secrète de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française du 8 décembre. Dans son message signalant l’arrestation de trafiquants de drogues en Mauritanie, ce service de renseignement français a établi des liens entre Farha Ould Hmoud Ould Maâtallah, Lahcen Ali (deux Sahraouis de la tribu des Reguibate) et Mohamed Ould Laârik, chef de la police militaire du Polisario.
Et comme la DGSE l’a relevé, l’Algérie est restée muette depuis le début de cette affaire. Peut-être parce qu’elle attendait que la justice mauritanienne se prononce sur le sort réservé aux trafiquants, ou qu’elle s’est (enfin) rendue compte d’une perte progressive du contrôle sur les membres du Polisario, sur le Sahel et dans la lutte contre le terrorisme. Jusqu'à quand l'Etat algérien pourra-t-il soutenir un Polisario dont des officiels sont mouillés dans des trafics de drogue, voire complote avec AQMI ?