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Tribune

Liberté d'expression : Maati Monjib, le Andreï Sakharov marocain

Sous la pression internationale et une mobilisation nationale, sans relâche, les autorités viennent d’annoncer, ce jeudi 29 octobre, via une décision de justice, la suspension de l’interdiction de quitter le territoire pour Maati Monjib.

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C’est une première victoire, mais la vigilance doit être de mise car l’académicien demande l’abandon de cette interdiction et l’arrêt de harcèlements qu’il subit, lui et ses proches, depuis avril 2014 et son implication dans l’ONG Freedom Now. Il a annoncé, de concert avec ses médecins, la suspension de sa grève de la faim, mais qu’il est décidé à reprendre jusqu’à ce que ses droits, de mouvement et d’expression notamment, soient intégralement reconnus et respectés.

Pour rappel, l’historien et militant des droits de l’Homme, Maati Monjib, avait entammer une grève de la faim depuis le 7 octobre, après le refus des autorités de quitter le territoire à l’occasion d’un voyage pour la Norvège, après une première fois lors d'un voyage à Barcelone en septembre.

L’académicien marocain est habitué, en effet, à participer à des forums internationaux, depuis de nombreuses années. Sa qualité de président national de l’ONG Freedom Now et ses initiatives pour encourager le journalisme d’investigation au royaume, en ont fait une cible prioritaire des autorités et surtout du cabinet de l’ombre qui est décidé à faire taire toutes voix critiques au Maroc.

Ali Anouzla, Ali Lmrabet…

On assiste au même scénario déjà utilisé pour neutraliser d’autres cas emblématiques, comme Ali Anouzla (Lakome.com) suite à sa courageuse couverture, en  juillet – août 2013, de la grâce royale honteuse du pédophile espagnol, Daniel Galvin, auteur de viols et maltraitances sur 11 enfants marocains, âgés de 2 à 15 ans.

L’autre cas plus récent est celui du journaliste Ali Lmrabet empêché d’avoir une attestation de résidence dans sa ville natale, Tétouan.  Les autorités craignant qu’il reprenne du service, après dix ans d’interdiction d’exercer le journalisme au Maroc (2005-2015), ont argué qu’il ne résidait pas à Tétouan. Après près de 2 mois de grève de la faim devant le conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, juin-juillet 2015, et une mobilisation internationale, Ali Lmrabet a été enfin autorisé à retirer son passeport au consulat de Barcelone. Quant à ce qu’il reprenne son activité au Maroc, il y a fort à parier que d’autres obstacles, mêlant procédures administratives et méthodes vicieuses, surgiront sur son chemin.

Des méthodes d'un autre âge

Si pour ces plumes courageuses, informer leurs concitoyens et le monde entier n’a pas de prix, pour les conseillers de l’ombre, au bras long, tous les moyens sont bons pour les en empêcher. Telle est l’équation posée actuellement au Maroc dont le cas de Maati Monjib représente le paroxysme, en empêchant un académicien, reconnu et apprécié, à exercer ses activités scientifiques dans des forums internationaux.

Cette méthode nous rappelle celle utilisée, dans les années 70, par l’ex-Union Soviétique pour empêcher l’académicien Andreï Sakharov de participer, en tant que physicien, dans des forums scientifiques organisés par ses pairs occidentaux. Ces méthodes n’ont pas empêché Andrei Sakharov d’obtenir le Nobel de la paix en 1975, ni l’URSS de s’effondrer 16 ans plus tard. A méditer !

Des soutiens politiques de premier plan
A noter que six personnalités politiques, de premier plan, ont condamné ce procédé et ont appelé à la libre circulation de l’académicien. Il s’agit de Abderrahmane Youssoufi, compagnon de Mehdi Ben Barka et premier ministre de l’alternance sous Hassan II ; M’Hamed Boucetta, ex-secrétaire général du parti de l’Istiqlal ; Saadeddine El Othmani dirigeant PJD et ancien ministre des Affaires étrangères ; Ismail Alaoui, président d’honneur du PPS ; Ben Said Ait Idder, ancien résistant et Nabila Mounib, secrétaire générale du PSU.

Tribune

Ali Sbaï
Fonctionnaire international
TOUT EST DIT, MERCI ET BRAVO POUR CET ARTICLE
Auteur : matis79
Date : le 04 novembre 2015 à 11h45
Merci pour cet article qui résume parfaitement la situation au Maroc, et la censure de toute critique, ou forme d'opposition au régime.

Le makhzen et ses soutiens passent leur temps à nous expliquer que le Maroc est sur la voie de la démocratie, et que cela nécessite du temps. Mais on constate que le régime lui même maintient cette situation d'oppression, et que pour des raisons de maintien de ses propres privilèges, il fait taire toutes formes de contestation même embryonnaire, afin d'éviter toute contestation sociale d'ampleur.

Les dictateurs arabes (militaire, président, ou roi) emploient les mêmes méthodes pour maintenir leurs régimes et les privilèges qui vont avec: réprimer et faire peur à toute forme d'opposition.

Merci encore pour cet article!
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