Royaume-Uni : Après avoir boycotté la police, les musulmans de Rotherham obtiennent des mesures contre les crimes de haine

Depuis la publication en août 2014 d’un rapport sur l’exploitation sexuelle de 1 400 enfants à Rotherham au Royaume-Uni, les musulmans de cette ville du nord-est de l’Angleterre disent se sentir «diabolisés», rapporte la presse britannique.

Et pour cause, le rapport épinglait les résidents d’origine pakistanaise, les tenant pour principaux auteurs de ces méfaits. Il s’en est suivi, selon les responsables communautaires, une montée de l’islamophobie qui a atteint «des niveaux sans précédent». Dénonçant l’inertie de la police face à cette réalité, l’Alliance de la communauté musulmane de Rotherham (RMCFA) a lancé lundi dernier un boycott de la police. Toutes les organisations musulmanes de la ville avaient alors coupé leurs lignes de communication avec la police.

RMCFA a mis un terme à ce boycott mercredi après avoir rencontré la député de Rotherham, Sarah Champion et le patron de la police, Dr Alla Billings. Au cours de cette réunion, plusieurs mesures ont été décidées. Un rapport sera remis à la secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Theresa May, sur l’impact des crimes haineux et elle sera appelée à mettre fin à «l’intimidation» dont sont victimes de nombreux musulmans à Rotherham.

La police s’engage pour les musulmans

Le patron de la police et de la criminalité a reconnu que les crimes de haine envers les musulmans ont particulièrement augmenté depuis la publication du rapport sur les abus sexuels infantiles. Son administration, ainsi que le Conseil de la ville ont consenti à élaborer, chacun, une stratégie de lutte contre ce type de crime. Dr Billings mettra également en place un système permettant aux groupes communautaires d’examiner le comportement des policiers. «J’y veillerai personnellement», s’est-il engagé, comme le rapporte ITV.

Pour sa part, la députée de Rotherham se dit «optimiste» quant à la dynamique découlant de cette rencontre avec les musulmans. «Il est totalement inacceptable que mes électeurs, dont beaucoup sont de troisième génération, aient peur de se rendre en ville en raison de l'abus dont ils sont victimes parce qu’ils sont de confession musulmane. Personne ne doit se sentir en otage dans son propre pays en raison de sa foi ou son origine ethnique», a déclaré Mme Champion, soulignant que le travail main dans la main de la police avec la communauté musulmane, permettra de rétablir la confiance.

La communauté musulmane quant à elle accorde le mérite de cet heureux dénouement à la décision «désespérée et radicale» qu’a été elle de boycotter la police. Cela «a réussi à faciliter un dialogue correct, lequel était nécessaire pour faire entendre les préoccupations de nombreux musulmans qui subissaient en silence les crimes de haine au sein de Rotherham», a déclaré le leader de la jeunesse musulmane britannique, Muhbeen Hussain.