Nouvelle démonstration de force des salafistes à Tétouan. Le dimanche 11 octobre, ils ont tenu un sit-in dans la ville, mais une fois n'est pas coutume, ce n'était pas destinée à réclamer la libération des détenus de la mouvance dans les prisons du Royaume accusés de terrorisme. Ils dénonçaient à la fois les violations israéliennes à Al Qods et dans les territoires palestiniens occupés, ainsi que les frappes aériennes russes en Syrie. Avec la bénédiction des autorités locales, des figures salafistes locales se sont relayées pour marteler les mêmes messages.
Si les slogans hostiles à Israël sont une constante au sein des mouvements de protestation des islamistes, la nouveauté tient dans la dénonciation de l’intervention de l’aviation russe aux côtés des forces de Bachar Al Assad. Ils n’avaient pourtant pas réagi de la sorte lorsque les Rafales français avaient commencé à bombarder des positions détenus par Daesh en Syrie : le 27 septembre à Deir Ezzor ou le 12 octobre à Raqqa.
Condamnations à demi-assumées
Ce silence pourrait être en relation avec les liens entretenus par une partie des salafistes marocains et certaines composantes de l’opposition syrienne armées, en l’occurrence le Front Annosra considéré comme l’antenne d’Al Qaida dans ce pays. Néanmoins, les différentes organisations salafistes ne sont pas forcément sur la même longueur d'ondes, ou ne veulent pas officialiser la condamnation des salafistes à Tétouan.
Nous avons posé la question à Abdefattah Ghazali, porte-parole de la Coordination de défense des détenus islamistes. «Notre association n’a aucun lien avec le sit-in du 11 octobre à Tétouan, organisé par l’ONG "Chabab Tétouan". Notre action se limite à revendiquer la libération des prisonniers marocains condamnés pour "activités terroristes"», a-t-il précisé.
Il a néanmoins reconnu que certaines personnes qui ont pris la parole le dimanche pour fustiger les frappes de l’aviation russe sont des membres de la Coordination, citant le cas de Rachid Zentar qui n’est autre que le représentant de la CDDI à Tétouan.