Naveline n’a plus émis une seule desserte depuis plus d’une semaine. Et pour cause, la jeune compagnie maritime a totalement cessé son activité depuis le 30 septembre. Celle-ci a d’ailleurs été très brève, puisqu’après l’obtention de son autorisation de 10 ans début 2015 pour la ligne Tanger-Algesiras, Naveline a commencé à desservir début juillet, près d’un mois après le lancement de l’opération transit, faute de bateaux.
La compagnie avait finalement pu affréter un bateau de la Grèce pour un début. Par la suite, l’Etat marocain a lui aussi affrété un navire d’urgence «pour compenser son incapacité à déployer deux navires, comme ce qui est prévu dans son autorisation», précise La Vie éco.
Il semble que Naveline, dès le départ, n’avait pas suffisamment de moyens pour assurer son activité, mais pour l’instant, difficile d’obtenir des explications auprès de sa direction. A la Marine marchande (MM), l’information semble détenue par un noyau de personnes. «Il y a des dossiers qui sont gérés uniquement par le directeur de la MM et les éléments du ministère [des Transports, ndlr]. Et le dossier de Naveline en fait partie», assure à Yabiladi un des responsables. En réunion au ministère, le directeur n'a pu être joint.
L’image du pavillon marocain entachée
Au sein de la profession, la situation de Naveline désole et rappelle de mauvais souvenirs. «On est vraiment mal», confie à Yabiladi Rachid Chrigui, DG d’Intershipping. Cette compagnie «a actuellement des dettes de plus de trois millions d’euros. Après les problèmes de la Comarit et IMTC, Naveline rentre dans la liste des compagnies marocaines qui n’ont pas su gérer leur activité», juge-t-il.
D’après ce vieux routier du transport maritime, ce genre d’incident «ternit l’image des compagnies marocaines». Celles «qui gagnent la confiance des partenaires étrangers peuvent facilement la voir s’effriter à cause de la réputation de leurs consœurs», estime M. Chrigui, faisant allusion à sa propre compagnie qui redevient la seule marocaine sur le détroit de Gibraltar.
Alors que les choses semblaient aller dans le bon sens pour le transport maritime marocain après environ trois ans de crise, l’arrêt de Naveline après moins de 3 mois d’activité soulève des interrogations notamment sur l’attribution des autorisations. D’autant plus que, rappelons-le, l’octroi définitif de ces autorisations n’avait fait l’objet d’aucune communication officielle, contrairement aux pratiques habituelles.