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Grand Angle

Casablanca : Une MRE se bat depuis 3 ans pour récupérer son appartement

Une MRE se bat depuis trois ans pour récupérer son appartement à Casablanca des mains d'un Franco-turc qu'elle accuse de l'avoir spoliée. L’affaire désormais jugée au pénal, son avocat estime le dossier sur la bonne voie. 

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«J’ai travaillé pendant 18 ans et pris un crédit sur 8 ans au CIH pour avoir cet appartement. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée sans rien et depuis, tous mes efforts pour récupérer mon bien sont vains», se lamente Najat Akrach, 50 ans, une franco-marocaine qui affirme s’être fait spoliée son appartement à Casablanca par un Français d’origine turque. Elle vient de retirer une minerve au cou, après, dit-elle, avoir été tabassée lors de son expulsion, le 15 septembre dernier, de cet appartement situé au quartier 2 mars et qui lui a coûté (frais de travaux compris) environ «1 700 000 dirhams» en 1999.

Tout commence en 2012 lorsque Mme Akrach, désireuse de refaire des travaux dans sa maison en France, se fait conseillée par son assurance une société dirigée par un Français d’origine turque. Au fil des rencontres, une relation de confiance s’établit entre les deux si bien que lors de ses déplacements au Maroc, l’entrepreneur aurait même séjourné chez la famille de la MRE. «Il avait dormi dans mon appartement avec mon oncle. Quand il est revenu en France, il n’arrêtait de me demander de le lui vendre. Je refusais», se souvient Mme Akrach, soulignant que le Franco-turc devait construire un petit studio dans son jardin, changer les fenêtres et refaire la peinture de la maison.

«C’est lui le Marocain, ce n’est pas moi la Marocaine»

Le temps passe et la MRE atterrit à Casablanca durant l’été 2013, mais est surprise de recevoir un ultimatum du Franco-turc lui demandant de quitter les lieux. «Il avait défoncé la porte et m’a menacée. Il a porté plainte contre moi disant que j’habitais illégalement l’appartement que je lui ai vendu», affirme Mme Akrach.

C’est alors qu’elle prend un avocat et tous les deux découvrent que l’entrepreneur détient un acte notarié à son nom daté du 18 août 2012. «La veille pourtant, il a mangé avec ma famille et est reparti en France le même soir. Comment cet acte aurait-il pu être établi le lendemain ?», s’interroge la quinquagénaire. De plus, l’acte porte sa signature attestant la réception de «1 million de dirhams hors vu du notaire». «La seule chose que j’ai signé c'est un protocole d'accord pour les travaux de ma maison en France», défend-t-elle, expliquant que le Franco-turc n'aurait pas réalisé convenablement les travaux, alors qu'elle avait payé une avance de 28 000 euros. Prête à l'attaquer en justice en France, l'homme d'affaires serait venu la trouver au Maroc pour un arrangement à l'amiable. «Il avait proposé de faire tous les travaux au bout de sept mois et déduire de la facture globale la valeur de l'appartement de Casa, pour que je ne paye que le reliquat. Mon mari a imposé que cet accord devienne nul si au bout de la période, les travaux n’étaient pas finalisés. Et c'est ce que nous avons signé», explique la MRE.

L’affaire a fait l’objet de plusieurs plaintes tant du Franco-turc que de Najat Akrach. Mais celle-ci a perdu deux fois en première instance. Dans le dernier jugement rendu en juin dernier et fixant au 13 août la date d’évacuation de l’appartement, l’entrepreneur a fait valoir que la mère de Mme Akrach avait reçu et signé la notification le 6 avril. Mais sa mère étant morte le 22 février, la MRE a tenté en vain -au mois de juillet- de porter au dossier le certificat de décès pour prouver que sa mère n’a jamais pu signer quoi que ce soit. La quinquagénaire avait saisi la télévision et la presse arabophone pour dénoncer le Franco-turc qu’elle a avait traité de «trafiquant».

Le 15 septembre, l’entrepreneur l’a évacuée de force en compagnie de la police. «Ils m’ont tapée, trainée dehors et mis dans la fourgonnette avant de me balancer quelque part dans la ville. Ils ont pris mon téléphone marocain, ma clé USB dans laquelle il y avait tous mes documents…», raconte Mme Akrach. Et d’ajouter outrée : «ce gars est protégé au Maroc. Grâce à son argent, il a réussi à se mettre des gens dans sa poche. C’est lui le Marocain, ce n’est pas moi la Marocaine».

Optimisme

Après avoir porté son affaire devant le procureur, la MRE s’est tournée –avec l’aide de Mohamed Moutazaki- vers l’association Droit et Justice où Me Leghlimi Messaoud s’est chargé du dossier. «L’affaire est désormais au pénal, car Mme Akrach a déposé une plainte pour faux et usage de faux contre le Franco-turc, le notaire et un de ses collaborateurs. Il est avéré aujourd’hui que ce n’est pas elle qui a signé l’acte notarié. Nous avons le rapport de l’expert qui a clairement confirmé une imitation de signature», explique l’avocat qui se dit confiant pour la suite.

«Le dossier est sur la bonne voie. Je le dis parce qu’avant de réclamer quoi que ce soit, il fallait vérifier que la signature présente sur l’acte ne vient pas de Mme Akrach et l’expert l’a confirmé. La justice doit donc faire son travail», déclare Me Leghlimi qui est un habitué des cas de spoliation. Il a à son actif des dizaines de dossiers à Casablanca, mais estime que l’affaire de Mme Akrach n’a rien à voir avec les précédentes. «Je ne crois pas que la mafia soit derrière tout ça. L’entrepreneur connaissait très bien la dame. Il a passé le ramadan chez sa famille… il l’a simplement manipulée», conclue l’avocat.

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