Wikileaks : Quand Khalid Naciri rassurait l'ambassadeur américain sur le code de la presse

Le 4 janvier 2008, Khalid Naciri aurait assuré à Thomas Riley que «le nouveau texte sera un pas en avant … un texte très, très libéral». Cependant, la note diplomatique signée par l'ancien ambassadeur des Etats-Unis au Maroc ne manque pas de mentionner le retard que ce texte avait déjà pris à l'époque. Le commentaire sur l'explication donnée par Naciri est cinglant :

«Naciri a répété un refrain familier, comme quoi le ministère de la Communication avait été coincé entre les intérêts opposés des médias (qui voulaient un avant-projet plus libéral) et les ministères de l'Intérieur et de la Justice (qui avaient pris une position plus conservative).»

En anglais dans le texte : «Naciri repeated a familiar refrain that the Ministry of Communications had been caught in the middle between the competing interests of the media community (which wanted to see the draft further liberalized), and the Ministries of Interior and Justice (which had taken a more conservative stance).»

Un «refrain habituel», auquel on ne prête plus tellement attention ? Dans tous les cas, le ministre de la Communication se voulait rassurant et concret. Il aurait affirmé qu'il avait tenu des consultations «avec tous les interlocuteurs importants» et qu'il était «dans le processus de rassembler les derniers commentaires». Thomas Riley, quant à lui, aurait assuré que ce dossier était une des priorités de son bureau, «a top USG (United States Government, ndlr) policy priority ».

Lire cette information aujourd'hui ne peut que faire grincer des dents les professionnels du secteur, qui attendent toujours l'adoption d'un tel code de la presse... libéral.

Hollywood vs. le vendeur ambulant de DVDs

Autre sujet de l'entretien : le piratage de films au Maroc. Il s'agit là d'un autre registre, les rôles ne sont plus les mêmes. Riley défend ici l'industrie de films américaine, alors que Khalid Naciri défendait en quelque sorte le vendeur ambulant de DVDs piratés. Mais la tactique semblait être la même. Il aurait rassuré Riley : «les forces de l'ordre marocaines veillent activement au respect ds droits de propriété intellectuelle».

Une tactique qui une nouvelle fois, n'impressionnait guère l'ambassadeur : «Naciri a affirmé platement (sic) que le Maroc ne voulait pas être associé à ce genre de piratage.»

En version originale : «Naciri stated flatly that Moroccan did not want to be associated with this sort of piracy». Depuis, la stratégie adoptée est de faire patienter (à l'infini ?). Conséquence : si le code de la presse n'a pas encore été adopté, le vendeur de DVDs, pour sa part, n'a pas disparu.