«Il faut le mettre dans un asile psychiatrique», a déclaré Tareq Oubrou ce mardi matin sur France Inter, alors invité de Patrick Cohen. Le recteur de la mosquée de Bordeaux réagissait ainsi aux propos d’un imam de Brest qui ont enflammé la toile la semaine dernière.
Dans une vidéo publiée sur Youtube, l'imam de la mosquée Sunna de Brest Rachid Abou Houdeyfa aborde le thème de la musique lors d’un un cours de religion donnée à des enfants apparemment âgés de moins de 15 ans. «Ecouter de la musique vous transformera en singe ou en porc. […] Ceux qui aiment la musique écoutent le diable. Videz vos téléphones et vos MP3 !», déclare-t-il aux enfants qui l’écoutent.
La vidéo a fait le tour du web, déclenchant une vive polémique. Les réactions fusaient de toute part, même chez les politiques. Nadine Morano est allée jusqu’à demander «l’expulsion» de l’imam via Twitter.
«C'est traiter Dieu de diable»
Tareq Oubrou a pour sa part vivement condamné les affirmations de Rachid Abou Houdeyfa. «Les compagnons du Prophète pratiquaient la musique», a déclaré le recteur d’origine marocaine, comme pour recadrer l’imam de Brest. D’après lui, le type d’enseignement comme celui de Houdeyfa relève d’«une religion de rupture avec le monde». «C’est la théorisation de l’extinction de l’islam tout court», a-t-il jugé, soulignant que «le Coran lui-même est d’une acoustique et d’une rythmique incroyable». Et d’ajouter : «dire que la musique c’est la création du diable c’est traiter Dieu, paradoxalement, de diable».
Pour mémoire, la vidéo source de polémique date de mai 2014. Rachid Abou Houdeyfa l’avait publiée en intégralité sur son site. Mais mercredi dernier, le site pro-extrême droite Breizh-info l’a recoupée pour ne publier que la partie où l’imam s’exprime sur la musique. Le partage sur Facebook du nationaliste Boris Le Lay a lancé la polémique.
Face au scandale, Rachid Abou Houdeyfa s’est expliqué vendredi dernier pour apaiser les esprits. «Je n'endoctrine pas les enfants», s’est-il empressé d’affirmer à L'Express, ajoutant que ses propos ne devraient pas être pris «au premier degré». Reconnaissant qu’il aurait dû faire preuve de «plus pédagogue et faire preuve de plus de nuance», il a tout de même estimé que ses propos ont été sortis de leur contexte d’étude d’un verset coranique.