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Grand Angle

Libertés, médias et pouvoir : Où sont les voix modérés ?

Au lendemain de la condamnation des journalistes de Al Watan, et à la veille de la tenue du procès de Tel Quel/Nichane (24 août), la « rue » marocaine est partagée entre un sentiment «d'injustice » et celui de la neutralité. Pour autant, cette affaire de « délit de presse », qui a de lourdes conséquences avec la privation de liberté pour un homme, père de famille de surcroit, nous conduit à nous interroger sur l'environnement dans lequel évolue, aujourd'hui, ces faiseurs d'opinions.
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Si la libéralisation économique du pays, effective depuis une dizaine d'années, a donné vie à une presse dite indépendante, il n'en reste pas moins que peu, voire pas un seul titre de presse ne «vit » de ses ventes. Dès lors, les grands opérateurs économiques ont la main mise sur le marché des médias (presse écrite, radios, TV). Cette réalité, il est vrai, n'est pas propre au Maroc. Cependant, ce n'est pas une raison suffisante pour l'occulter.

Se faire l'écho de décideurs économiques avec comme contre partie l'achat de pages de publicité (pour la presse écrite) ou de «passages » publicitaires (TV, radios) obéit à une seule logique : la commerciale, un point c'est tout. Le comble, c'est que « ces » nouveaux venus dans le monde des médias parlent de déontologie, de respect des valeurs,... Certains sont même convaincus que leur rôle est prépondérant pour le pays! Pour une catégorie de la population, certainement. Pour l'intérêt général, certainement pas. Ecrire, déclarer, que « tout va bien », est un acte irresponsable et contre-productif au même titre que le « tout va mal » récurrent et usant. Cet état de fait est-il le reflet de la société? Doit-on être animé de positions «extrêmes » pour exister au sein du paysage médiatique (et ainsi « «peser» sur des décideurs)?

Alors que le code de la presse, version 2007, est toujours dans les tiroirs, de nombreux observateurs avertis s'inquiètent de la tournure que prennent les évènements. Quant aux institutions et instances représentatives qui ont en charge la gestion des mass media, le ministère de tutelle, celui de la Communication, semble avoir dû mal à s'affirmer où plutôt à « affirmer » sa ligne de conduite. La Fédération des journaux et le Syndicat de la presse peinent à se faire entendre lorsqu'ils décident de monter au créneau.

On se rend bien compte que le chemin est encore long, très long. Plus on tergiversera, plus on adoptera le « un pas en avant, deux pas en arrière », plus on s'éloignera de l'équilibre nécessaire à l'exercice des libertés individuelles et collectives. Sur ce dernier point, fondamental, il est temps que la voix des « modérés » s'expriment car ils brillent par leurs absences. Le Maroc a besoin d'eux aujourd'hui. A bon entendeur.

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