Il a fait la une de presque tous les journaux du monde en août dernier. Yabiladi avait même réalisé une interview de lui. Mais aujourd’hui de nouveaux éléments laissent planer le doute sur le personnage. Cet entrepreneur juif séfarade d’origine marocaine vivant au Canada depuis 3 décennies fait face à un flot de critiques depuis qu’il a annoncé avoir libéré des esclaves de l’organisation "Etat Islamique" en les en rachetant via la Christian and Yazidi Children of Iraq (CYCI). Selon ses propos, il aurait sauvé 130 enfants de la minorité Yazidie utilisés par les combattants de Daesh comme esclaves sexuels.
Le Schindler juif
Père de six enfants, Steve Maman explique avoir crée le CYCI fin juin alors qu’il se trouvait en Irak. Via des contacts de ses partenaires, explique Steve Maman dans son interview à Yabiladi, il paye sur sa fortune personnelle puis grâce à une collecte de fonds, des agents qui se chargent de négocier la libération des enfants qui coûte entre 2 000 et 3 000 dollars. L’homme a par la suite lancé une collecte de fonds qui a permis de rassembler plus de 500 000 dollars. L’initiative bien que critiquée par certains qui l’accusent d’entretenir le commerce des «esclaves», a d’ailleurs valu à Steve Maman le surnom de «Schindler juif» faisant le parallèle avec Oskar Schindler, un industriel allemand membre du parti nazi qui, pour leur éviter l’extermination, a employé 1 200 juifs dans son usine lors de la Seconde guerre mondiale.
La communauté yazidie jette le discrédit sur la véracité de son action
La gloire de Steve Maman désormais flanqué de son surnom était faite. Mais une lettre publiée le 26 août dernier par une vingtaine de personnes dont des représentants de la communauté yazidie avaient jeté le discrédit sur la véracité de son action. Les signataires de la lettre parmi lesquels le chef spirituel de la communauté yazidie, Babasheikh Kherto Ismael, avaient réclamé les preuves de l’action de Steve Maman. Ils ont pointé la somme dérisoire avancée par rapport au nombre de personnes supposées libérées des griffes de Daesh. Un des signataires de la lettre reprise par Le Figaro fait savoir au site canadien La Presse : «Je vis à Dohuk, où sont situés tous les camps où vivent les yazidis. Nous avons fait le tour et demandé si Steve Maman était venu en aide à quelqu'un. Personne ne le connaît». En réaction, le «sauveur des enfants yazidis» a d’abord émis des doutes sur la véracité de la lettre avant de menacer de poursuites judiciaires ces signataires qui avaient réclamé la suspension des dons s’il n’apporte pas de preuves suffisantes.
Une agence alliée contredit Steve Maman
Pour ajouter à la polémique, La Fondation pour le secours et la réconciliation au Moyen-Orient (FRRME), dirigée par le révérend Andrew White vient d’apporter un cinglant démenti à Steve Maman. La fondation qui avait été citée dans l’interview accordée par Maman à Yabiladi comme étant une alliée a publié un communiqué repris par Le Figaro. «Steve Maman est une connaissance personnelle de Canon Andrew White, qui soutient les objectifs du CYCI. Cependant la FRRME ne collabore pas avec le CYCI, autant financièrement que de façon pratique. Jusqu'à présent, aucune aide matérielle n'a été apportée au CYCI et nous n'avons aucune intention de leur procurer de l'aide matérielle à l'avenir», annonce la FRRME. Ce à quoi Steve Maman répond : «Nous ne sommes pas, et nous n'avons jamais prétendu, être affiliés à la FRRME (...) mais nous avons son soutien».
Dans la série de démentis, l’activiste israélo-canadienne, Gill Rosenberg, a de son côté nié avoir travaillé pour Steve Maman mais reconnaît avoir «participé à un sauvetage d'enfants yazidis avec le CYCI». Et pour compliquer les choses, la Fondation Rape is not Joke, longtemps opposée aux méthodes Steve Maman, a déposé une plainte pour suspendre la campagne du CYCI.