Des femmes réclament une plage exclusivement pour elles. L’idée qui a fait son chemin sur les réseaux sociaux a été initiée par des Tangéroises. Depuis quelques jours, elles ont lancé sur Facebook une page pour défendre leur droit à se baigner dans la «dignité» et à l’abri d’ «harcèlement sexuel», très fréquents dans la ville notamment en été.
Ces femmes se présentent en tant que «conservatrices» qui «vivent dans une ville conservatrice» et disent ne pas vouloir «désobéir à Dieu en portant des maillots de bain devant les hommes», précisant que leur requête est réalisable sur le terrain. Elles affirment en effet que la cote de la capitale du détroit s’étend sur des dizaines de kilomètres. Un appel du pied aux autorités de la capitale du détroit pour répondre favorablement à leurs demandes.
Accusées de servir l’agenda de Daesh
Les interventions sur la page sont nombreuses du Maroc et de l’étranger. Une participante d’Agadir applaudi l’initiative et annonce même la création d’un compte similaire pour les «femmes conservatrices» de la capitale du Souss «privées de baignades dans les plages durant l’été ». Une autre éclaire la lanterne des femmes sur les procédures administratives à suivre pour transmettre leur doléance à la mairie de Tanger.
Sauf que tous les commentaires ne sont pas que des encouragements et des remerciements. Certains accusent les femmes à l’origine de la page de «servir l’agenda de Daesh au Maroc». D’autres moins virulents estiment que la majorité des Marocaines ne sont pas concernées par ce genre d’appel, ajoutant qu’elles aiment se baigner avec des maillots et sous les regards des hommes.
Des positions divergentes alimentent le débat mais surtout aggravent le fossé séparant de plus en plus un Maroc résolument moderniste qui défend le port des mini-jupes à l’occasion de sit-in et à la Chambre des représentants et un autre Maroc plus traditionnel et conservateur qui commence, lui aussi, à surfer sur la vague du respect des libertés individuelles pour se faire entendre et réclamer le droit à sa spécificité.
Nous l’avions constaté il y a un mois, avec l’appel sur les réseaux sociaux de filles portant le hijab qui souhaitaient accéder à l’Ecole Mohammadia d'ingénieurs de Rabat et aujourd'hui avec celui des Tangéroises appelant à se baigner dans une plage réservée uniquement aux femmes. A coup sûr, d'autres initiatives de ce genre devraient voir le jour.