La famille de Soufiane Amghar a porté plainte pour meurtre contre la police belge, a appris l'AFP auprès de l’avocate de la famille, Me Virginie Taelman. Ce Belgo-Marocain, dont la bi-nationalité avait été révélée par le journal français Le Monde, a été abattu par la police le 16 janvier dernier à Verviers lors d’un coup de filet anti-terroriste, alors âgé de 26 ans. Le jeune homme avait, quelques temps auparavant, effectué un séjour en Syrie et il était identifié par la police belge comme un terroriste présumé. Selon la presse, il attendait même la pose d’un bracelet électronique.
Lors de l’opération anti-terroriste pendant laquelle la police suivait les traces de trois hommes suspectés de planifier une attaque en Belgique, deux d’entre eux – dont Soufiane – ont riposté. Un échange de coups de feu avec la police a conduit à la mort des deux jeunes hommes. Une dizaine de jours après leur mort, Daech publiait leurs photos appelant d’autres jeunes à suivre leur exemple et proférant des menaces contre la Belgique.
L’avocate de la famille dénonce des contradictions dans le discours des autorités
Quelques jours après sa mort, son père – Abdel Amghar- s’était confié à Sud Info disant qu’il n’avait pas vu Soufiane depuis longtemps. Il l’avait découvert sa mort dans la presse reconnaissant son nom, son prénom, ainsi que ses traits. La police avait tenté de le rassurer sur les circonstances du décès de son fils, mais Abdel avait toujours eu des doutes. D’autant plus Soufiane était connu de la police grâce à ses parents qui, inquiets pour leur fils, avaient alerté le commissariat de Molenbeek de sa fuite du domicile familial. Ils avaient constaté une certaine radicalisation et craignaient qu’il ne s’envole pour la Syrie. La police avait promis de les tenir au courant, mais ne l'a jamais fait.
«Aucune information n'a été relayée auprès de la famille», regrette Me Taelman. «Se pose notamment la question de savoir si la police a agi en légitime défense. [Car] lorsque l'on reprend ce qui a été dit par nos autorités judiciaires lors des différentes conférences de presse, des contradictions, des nébuleuses apparaissent et, depuis, c'est silence radio», argue-t-elle.
En plus de sa plainte, la famille a également décidé de se constituer en partie civile auprès d'un juge d'instruction du chef de meurtre. Les parents de Soufiane «souhaitent qu'une enquête indépendante puisse être menée afin de faire toute la lumière sur le déroulement de l'intervention qui a coûté la vie à leur fils», explique l’avocate.