L’avenir de l’épineux dossier des enclaves de Ceuta et Melilla a été évoqué par le chef du gouvernement lors de son passage, très tard dans la soirée d’hier, à la Chambre des représentants. Devant les députés, Benkirane a défendu son «choix» de passer sous silence le problème avec les Espagnols lors des réunions de haut niveau, dont la dernière s’est tenue le 5 juin à Madrid.
Abdelilah Benkirane a estimé que les conditions n’étaient pas encore réunies «pour aborder cette question» avec les voisins du nord «parce que cela ne va rien apporter pour le moment», a-t-il martelé. Le leader du PJD a invité les élus de l’opposition à «éviter les surenchères politiciennes» qui «ne vont plaire qu’aux journaux» marocains. En revanche, il a plaidé pour une «consolidation des relations avec l’Espagne. Un partenaire économique qui devance la France dans certains secteurs».
Rappeler la position du roi Hassan II
Même si sa position risque d’être très critiquée par une partie de l’opinion publique et certaines formations, sur ce point il a eu le mérite d’être claire et surtout réaliste. Il a dit tout haut ce que ses prédécesseurs chuchotaient entre eux. C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi cette question n’a jamais été une priorité de la diplomatie marocaine. Il est vrai que de temps en temps des responsables politiques évoquent le sujet. Mais leurs sorties sont essentiellement destinées à la consommation médiatique interne plutôt qu’à exercer une quelconque pression sur les autorités ibères.
Par ailleurs et pour clore définitivement le débat sur ce problème, le chef de l’exécutif a encore une fois brandi la carte royale. Il n’a pas manqué de rappeler que le roi Hassan II était convaincu que la résolution des différends de Ceuta et Melilla était tributaire de la conclusion d’un accord entre les Espagnols et les Britanniques sur Gibraltar. Selon Abdelilah Benkirane, les deux dossiers vont de paire. Et comme le fossé séparant Londres et Madrid sur l’avenir du Rocher est abyssal, le statut politique des deux enclaves espagnoles au Maroc devrait rester inchangé pendant encore un certain temps.