Les taxes sur les cigarettes au Maroc représentent environ 70% du prix de vente, un niveau jugé insuffisamment élevé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son rapport 2015 sur ce qu’elle appelle «l’épidémie du tabac» dans le monde, publié ce mardi 7 juillet. En effet, certains pays comme le Royaume-Uni et la Finlande ont porté à 82% les taxes sur les cigarettes. La France, la Grèce et la Pologne notamment sont à 80%, quand la Jordanie est à 83%. Au Maghreb, le Maroc est à cheval entre la Tunisie (75%) et l’Algérie (51%).
L’OMS note que le Maroc est passé – ces dernières années- de l’ad valorem au système de taxation mixte. «Les pays qui passent de l'ad valorem au système spécifique ou mixte ont généralement des revenus fiscaux plus prévisibles, car avec les taxes spécifiques, les manipulations des prix et les stratégies d’évasion fiscale par les industriels sont moins probables», expliquent les auteurs du rapport.
Augmenter les taxes: Un impératif
Mais selon l’instance onusienne, cela ne résout pas le plus grand problème causé par le tabagisme, celui des maladies. De plus, les plus jeunes continuent d’être fortement exposés. D’après des données officielles, le Maroc compte environ 7 millions de fumeurs dont 500 000 mineurs, ce qui fait du royaume l'un des plus grands consommateurs de tabac au monde. Pourtant cela fait des années que – suite à plusieurs études d’organismes internationaux- la hausse des taxes est présentée comme une solution pour décourager les fumeurs, et ainsi diminuer le degré d’exposition aux maladies liées au tabac. Et ce, pour la simple raison que l’augmentation des taxes aura une répercussion directe sur le prix de vente. «Des données probantes en Chine et en France montrent que la hausse des prix des produits du tabac associée à l’augmentation des taxes entraîne une baisse de la prévalence du tabagisme et des effets néfastes associés, tels que les décès par cancer pulmonaire», appuie Dr Douglas Bettcher, directeur à l’OMS du Département Prévention des maladies non transmissibles (MNT).
Dans le sillage de la nouvelle tarification des cigarettes en septembre 2013,le le Docteur Youssef Chami de la Fondation Lalla Salma Prévention et traitement des cancers confiait à Yabiladi qu’«il faut que ces produits soient le plus cher possible afin de limiter leur accès aux enfants ainsi qu’aux adultes dépendants». Aujourd’hui, il estime que les collégiens et lycéens marocains sont de plus en plus «réceptifs» aux actions de sensibilisation. «Les jeunes sont très influencés par leur environnement. Et dans nos programmes, nous les mettons aux commandes, afin qu'ils s'identifient», explique ce coordinateur du projet de lutte contre le tabagisme à la Fondation. Toutefois, il ne dispose pas de chiffres. Et au ministère de la Santé que nous avons tenté de joindre, difficile d’obtenir plus de précisions.
Interrogé par le Huffpost Maghreb le mois dernier, le secrétaire général de l'Association marocaine de lutte contre le tabac et les drogues, Abdessalam Krombi, regrettait que le Maroc n'ait pas jusqu'à lors ratifié la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte anti-tabac. Aujourd'hui, la recommandation de l’OMS faite au Maroc est claire : augmenter les taxes et les prix des cigarettes. L’Organisation note en effet que le paquet de 20 cigarettes le moins coûteux est vendu à 10 dirhams, une somme dérisoire qui pourrait être à la portée même des enfants.