Wikileaks apporte de nouvelles révélations sur l’annulation de la visite de Shimon Pérès à Marrakech en octobre 2010. Un câble du ministère saoudien des Affaires étrangères attribue cette décision à des pressions exercées par des pays arabes sur le Maroc.
Le document fait état de communications téléphoniques entre les chefs d’Etats d'Arabie saoudite, de Libye et de Syrie avec le roi Mohammed VI en vue de le convaincre d’interdire la participation de l’ancien président israélien à l’édition 2010 du Forum de l’avenir, une initiative lancée par les Etats-Unis.
Ces dirigeants étaient unanimes pour refuser d’accorder à Pérès une tribune internationale, qui plus est à partir d’un pays arabe, pour se lancer dans un réquisitoire contre les Palestiniens et les autres voisins d’Israël. Aux moments des faits, les wahhabites étaient foncièrement pour le gel de toutes les initiatives de normalisation avec Israël. Depuis, et à cause du rapprochement entre Téhéran et l’administration Obama, ils ont mis beaucoup d’eau dans leur vin.
Ryad a eu gain de cause
Ces contacts avec les plus hautes autorités marocaines ont finalement été concluants. Le 18 octobre 2010, soit huit jours avant le début des travaux du Forum de l’avenir de Marrakech, le gouvernement israélien annonçait que son président avait décidé de décliner l’invitation des organisateurs. Motif invoqué, le roi Mohammed VI aurait repoussé une demande de Shimon Pérès de le rencontrer alors que les négociations avec les Palestiniens étaient au point mort justement à cause de l’intransigeance des Israéliens.
A l’époque, le service communication de l’ancien président israélien précisait que le monarque aurait indiqué à Pérès «qu’il est le bienvenu pour visiter le Maroc et prendre part au Forum mais qu’il préférerait se réunir avec lui dans d’autres circonstances».
Il faut remonter à septembre 2003 pour retrouver la dernière réunion entre Mohammed VI et un haut responsable politique israélien. A cette époque, le souverain avait reçu au palais de Tétouan Sylvain Shalom, l'ancien ministre des Affaires étrangères, porteur d’un message d’Ariel Sharon. L’ex-chef du gouvernement voulait une implication du roi dans la relance du processus de paix avec les Palestiniens.