Wikileaks est tombé sur le "sésame" de la caverne des documents confidentiels du ministère saoudien des Affaire étrangères. Dans le lot publié par le site d’alerte, il y a plusieurs câbles qui concernent le Maroc. L’un d’eux attire particulièrement l’attention, il porte la signature de l’ambassade saoudienne à Rabat et envoyé directement à la présidence des renseignements.
La correspondance date du 3 janvier 2012. C’est un message qui apportait une assurance aux responsables de Ryad sur la situation politique au Maroc, et ce au lendemain de la présentation des membres de Benkirane I. Les wahhabites appréhendaient le choix du roi Mohammed VI de nommer le secrétaire général du PJD pour former un gouvernement. Les Saoudiens étaient convaincus que le parti de la Lampe est une antenne des Frères musulmans au Maroc et non une création du pouvoir de Rabat.
"El Otmani et Laenser des ministres de façade"
La correspondance, portant le sceau du secret, est une analyse succincte de la distribution des maroquins. Premier constat : l'ambassade est plutôt satisfaite du maintien d’Ahmed Taoufiq qu’elle qualifie d'«homme du Palais» à la tête du département des Affaires islamiques. Les Saoudiens à Rabat sont, par ailleurs, ravis que le Secrétariat général du gouvernement et l’Administration de défense nationale restent dans le giron du Palais.
La nomination de Charqi Draiss, n°2 au ministère de l’Intérieur constitue également une nouvelle réjouissante pour les Saoudiens. «Il sera le véritable maître» tranche le document confidentiel. En revanche Mohand Laenser n’est «qu’une façade». Saâd Dine El Otmani, l’ex-chef de la diplomatie, est logé également à la même enseigne. Il hérite d’un «poste symbolique».
La chancellerie assure à la présidence des renseignements que c’est Youssef Amrani qui tiendra les commandes grâce aux nombreuses années qu’il avait passé au département et surtout à sa «proximité» avec Taïb Fassi-Fihri, promu conseiller royal. Et d’ajouter que constitutionnellement la diplomatie est un domaine exclusivement royal, annonçant que le rôle d’El Otmani ne dépassera pas «la transmission de décisions prise par les services, notamment les renseignements».
L’Agriculture intègre le club des départements de souveraineté
Le câble relève également que le quota des ministères de souveraineté a connu l’intégration du département de l’Agriculture et de la Pêche, confié à «l’homme d’affaire Aziz Akhannouch». Le message de l’ambassade accorde peu d’intérêt au reste de l’équipe gouvernementale. Même le poste confié à Abdellah Baha, ministre d’Etat sans portefeuille, est présenté comme un geste pour «contenter Benkirane».
Enfin, vers la fin, le câble précise que le Palais est intervenu dans le choix des ministres, expliquant que des noms ont été retirés de la liste mais sans les citer.