Une trentaine de Français musulmans choisis par des médias communautaires, parmi lesquels une douzaine de femmes, ont été invités samedi 6 juin par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, afin de discuter des dossiers liés à l’islam. Cette rencontre, vue aussi comme une opération de communication, est un avant-goût de la tenue le 15 juin prochain d’une réunion de l’instance de dialogue entre les Français musulmans et l’Etat. C'était l'occasion d’aborder la question de la laïcité. Les participants sont en majorité des auditeurs de Radio Orient, BeurFM, Atlas Info, France Maghreb 2, Oumma, SaphirNews....
Laïcité «inclusive»
L’idée véhiculée par Cazeneuve est claire : la République doit «inclure tout ses enfants». Le ministre a ainsi évoqué une «laïcité inclusive». Dans ses interventions, il a également plaidé la nécessité d'«apaiser», de «rassembler» surtout dans un contexte marqué par les tensions nées suite aux événements de janvier à Paris.
«La laïcité ne peut pas être une valeur qu'on préempte à l'encontre des musulmans, a insisté Cazeneuve cité par Le Monde. Les menus de substitution, ça n'a rien à voir avec la laïcité. Interdire l'accès aux plages à des femmes voilées, ça n'est pas la laïcité», a notamment défendu le chef de l’Intérieur, qui a aussi plaidé pour la «transparence» dans le financement des activités religieuses des musulmans.
Pas d’attaques contre le CFCM
Mais durant les discussions, les représentants musulmans ont encore été nombreux à viser le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), l'instance créé par Nicolas Sarkozy et régulièrement sous les feux des critiques. «Au bout de cinq mandats, il n’a résolu aucun des problèmes qui concernent le culte musulman. Rien n’a bougé», explique l’un des participants, alors qu’un autre estime que «si on avait coupé l'herbe sous le pied des imams autoproclamés, on n'en serait pas arrivé à cet extrémisme». «Les problèmes sont identifiés depuis longtemps et, en cinq mandats, le CFCM n'en a résolu aucun», assure un autre.
Masi le ministre n’a pas souhaité aller dans le même sens. Il a reconnu les actions positives qu’a accomplies l’instance, appelant notamment à «ne pas raviver les tensions». «On ne bâtit rien en se cristallisant sur les critiques», a ainsi expliqué Cazeneuve. Ce dernier a aussi reconnu «une composition (du CFCM) qui n'est certainement pas parfaite mais qui va évoluer». En gros, Cazeneuve a tenté de rassurer les musulmans en attendant le prochain dialogue du 15 juin.