«Il ne peut présenter un programme consacré au film alors qu’il travaille comme salarié chez la société du réalisateur», a lancé telle une sentence, le ministre de la Communication à l’Université de Tétouan, vendredi soir. Le «il» c’est Younes Lazrak qui est l'animateur de l’émission «Oui mais non» de 7h à 9h. Il a en effet travaillé dans plusieurs émissions télévisées produites par la société de Nabil Ayouch. Mais Younès nous explique que «le conflit d’intérêts» dont parle le ministre avait été anticipé bien en amont.
«Je n’ai participé ni au débat sur le film, ni à la préparation de l’émission car justement nous avions anticipé ce type de reproches et bien sûr avant tout par déontologie journalistique», répond Younes Lazrak, joint par Yabiladi. «Le débat a été animé par Fathia Elaouni, rédactrice en chef à Radio 2M», a-t-il tenu à souligner. Il dit ne pas comprendre les reproches du ministre alors que l’émission de Radio 2M a été l’une des rares à «inviter le ministre à se prononcer sur l’interdiction du film, alors que les autres ont surtout donné la parole à Nabil Ayouch».
Pressions ou simple rappel déontologique ?
L’autre critique émise par Mustapha El Khalfi porte sur la composition des invités sur le plateau estimant que 4 personnes défendaient le film alors qu’une seule avait une position contraire. Younes Lazrak reconnait qu’il y avait un seul invité pour représenter le ministère puisque le ministre n’a pas pu participer. En effet, Noureddine Lakhmari, Mahi Binebine ou Khadijah Alami issus du monde du cinéma ou de la culture en général, sont clairement opposés à l’interdiction du film. Mais l’animateur radio explique qu’il est difficile de trouver des voix de professionnels du cinéma ou d’artistes comme ces derniers, qui auraient une position hostile au film.
A notre question relative à l’appel téléphonique à Salim Cheikh évoqué par le ministre lui-même, Younes Lazrak n’a pas souhaité s’exprimer. On ne saura pas si une demande de déprogrammation de l’émission a été formulée ou si comme le cadre du ministère nous a assuré samedi : «c'était un simple rappel des règles déontologiques dont doivent faire preuve les animateurs et journalistes des médias publics».
Younès Lazrak se dit un peu surpris de la tournure qu’ont prise les choses. Même s’il n’est pas habitué à ce genre de polémique car ne traitant que rarement des sujets politiques, il reste convaincu que tout a été fait dans le respect strict des règles déontologiques.