Le gouvernement français est «extrêmement inquiet» par la tenue de la convention sur l’islam qu’organise à huis clos les Républicains, ex-UMP, selon son porte-parole, Stephane Le Foll qui s’est exprimé face à la presse ce mercredi à l’issue du conseil des ministres. «Je voudrais savoir où ce parti qui se prétend républicain veut aller. […] On n'a pas à discuter d'une religion plus que d'une autre. C’est cela la règle de la laïcité, c’est pour cela qu’elle a été conçue», a-t-il rappelé.
Le CFCM n’y participera pas
Pour rappel, Nicolas Sarkozy a annoncé début mars la tenue de cette «réunion de travail et d’échange» lors d’un déjeuner à la Mosquée de Paris. La nouvelle n’avait pas fait l’unanimité même au sein de son propre camp. La vice-présidente du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet, avait jugé que c’était une «mauvaise idée», arguant que «la question religieuse prend trop de place dans le débat public», alors qu’il y a tout aussi important comme «les questions économique, de possibilité de réussir sa vie, de trouver un emploi, de nourrir sa famille…». François Fillon aussi allait dans le même sens, estimant que le parti de droite devait éviter la «surenchère» sur les questions religieuses. Ce sont, entre autres, ces divergences internes qui ont conduit M. Sarkozy a organisé la convention à huit clos pour ce jeudi 4 juin.
Et le patron des Républicains ne fait également pas l’unanimité au milieu des dirigeants musulmans. Alors qu’il avait organisé le déjeuner au cours duquel Nicolas Sarkozy avait annoncé la tenue de sa convention, le Conseil français du culte musulman (CFCM) refuse d’y participer. «Aucun membre du CFCM ne sera présent à cette réunion, comme nous en avons décidé en bureau exécutif», a déclaré à l'AFP le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie au CFCM, Abdallah Zekri.
Dalil Boubakeur entend résister à la pression
L’homme qui sera bientôt le secrétaire général de l'instance représentative de l'islam en France se veut lucide. «On ne peut pas participer à une telle initiative, qui stigmatise les musulmans. En France, il y a une urgence, c'est la crise économique, sociale et morale, c'est à cela que doivent s'atteler les partis politiques», a-t-il expliqué, ajoutant que le CFCM est prêt pour une rencontre commune «avec tous les partis […] mais pas avec un seul d'entre eux à des fins politiques». «Nous refusons d'être manipulés», a affirmé M. Zekri. Et d’ajouter : «Depuis hier [mardi, ndlr] Dalil Boubakeur subit des pressions pour se rendre à cette réunion, mais il n'ira pas».