Dans cette guerre, le Maroc ne s'est à ce jour pas montré très habile. Dès le départ, le blocage de Laâyoune à la presse étrangère a jeté une mauvaise image sur les autorités. Une question venait naturellement à l'esprit : Si le Maroc n'a rien à se cacher, pourquoi interdit-il l'accès à la presse internationale – espagnole, mais aussi française – à Laâyoune ? Une question sans réponse.
La presse espagnole ne s'est pas privée d'exploiter cette faille, parfois sans aucun professionnalisme, alimentée par des déclarations pro-sahraouies de militants espagnols et du Polisario. Mais au lieu de donner des éléments d'information sur le déroulement des faits, les autorités marocaines se sont dans un premier temps retranchées derrière la critique des médias espagnols, notamment par le ministre de la Communication, Khalid Naciri qui s'est exprimé dans ce sens le week-end dernier.
Pourtant, une autre question qui se posait dès que le bilan des morts s'aggravait est également resté sans réponse. Comment était-il possible qu'autant de membres des forces de l'ordre, 10 au total, aient pu mourir, alors que seulement deux morts civiles sont avérées pour le moment ?
Ce sont avant tout des reportages de journalistes marocains qui, tout au long de la semaine dernière, révélaient des informations à ce sujet. Ils confirment la thèse d'un affrontement prémédité et bien organisé de la part de certains des manifestants du camp, et la mauvaise gestion du démantèlement du camp par les forces de l'ordre marocaines. Le chef de la MINURSO à Laâyoune, Hany Abdel-Aziz, a pour sa part affirmé n'avoir «vu aucune trace de cartouche de balles» sur le site du campement des manifestants, discréditant ainsi toute thèse de «génocide».
Malgré tout, le ministère de l'Intérieur aura mis une semaine avant de publier des éléments clé sur son intervention. Lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministère des Affaire étrangères lundi 15 novembre, les deux ministres ont dévoilé une vidéo montrant une partie de l'intervention de lundi dernier (reprise par Medi 1 Sat, et en plus grande par El Mundo.es). Ces extraits filmés des hélicoptères et par téléphone portable montrent des scènes extrêmement violentes d'attaques à l'arme blanche et à bonbonnes de gaz, d'un jeune homme urinant sur les cadavres d'un militaire tué, une scène ou un policier est égorgé...
Et les ministres Cherkaoui et Fassi Fihri ont confirmé l'information selon laquelle les forces de l'ordre n'étaient pas armées, du fait qu'il s'agissait d'une «intervention pacifique». Une contre-attaque efficace aux accusations entretenues par le Polisario et de nombreux médias espagnols.
Il n'en reste que cette intervention soulève à son tour de nombreuses questions, surtout sur la gestion du démantèlement du campement et le manque apparent de préparation. Mais à un jour de la réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur le Sahara (qui a lieu ce mardi, 16 novembre), le Maroc a finalement su faire preuve de plus de transparence sur les évènements de Laâyoune – à sa décharge.