Allemagne : Un policier accusé de torture sur un refugié marocain

La justice allemande a annoncé ce lundi l’ouverture d’une enquête contre un policier accusé d’avoir fait subir plusieurs maltraitances à deux refugiés, un Afghan et un Marocain. Le mis en cause est cité dans une histoire rocambolesque. Il aurait en effet torturé les deux migrants et partagé les supplices infligés sur les réseaux sociaux avec ses collègues.

Les faits se sont produits l'an dernier dans un poste de la police fédérale à Hanovre, selon la radio-télévision publique régionale NDR. L’Afghan aurait notamment été trainé au sol, les pieds attachés. L’accusé a pris une photo d’une de ses victimes avant de l’envoyer à ses collègues via un système de messagerie sur téléphone portable, précise NDR.

«Comme un porc»

L’une des photos montre un homme ligoté dans une position «contre nature», et qui présente «des signes évidents de douleur», ajoute la même source. Le policier explique avoir «frappé» l’Afghan, qui a été arrêté dans une gare avec un passeport non valide. «J’ai coincé mon doigt dans son nez. Et il a étouffé. C’était drôle. Et je l'ai traîné avec les chaînes aux pieds à travers la station. C’était super ! Il hurla comme un cochon. C’était un don d'Allah», peut-on lire sur les messages du policier révélés par la presse locale.

Le mis en cause parle aussi des maltraitances sur le Marocain. Ce migrant âgé de 19 ans, en situation légale, a été interpellé en septembre dernier car il n’aurait pas montré son ticket de train. «Un officier l’a entendu crier comme un porc», explique l’accusé sur WhatsApp. «Puis le bâtard a englouti les restes de porc pourri dans le réfrigérateur», explique-t-il ensuite.

«Scandale dans le scandale».

Deux témoins ont fourni des renseignements et «remis des éléments» aux enquêteurs, a indiqué le procureur de Hanovre, Thomas Klinge, en charge du dossier. Vendredi, des perquisitions ont eu lieu au domicile et sur le lieu de travail du mis en cause, indique l'AFP. Une arme a été retrouvée à son domicile et des vérifications sont en cours pour déterminer si le policier avait l'autorisation de la posséder, a précisé le procureur.

Pour sa part, l'organisation allemande de défense des réfugiés et demandeurs d'asile Pro-Asyl a vivement dénoncé ces maltraitances, affirmant qu'il y avait dans cette affaire «une dimension épouvantable de racisme et d'inhumanité». Günter Burkhardt, son dirigeant a, lui, qualifié de «scandale dans le scandale, la passivité» de ceux qui «dans leur uniforme de police connaissaient les faits».