Au lendemain de l’annonce de la disparition d'un avion F-16 marocain au Yémen, le gouvernement et les partis politiques brillent par leur silence. Jusqu’à présent, aucune déclaration sur l’événement n'a été faite. Est-ce par crainte de s’immiscer dans un domaine exclusivement royal ?
Bien que l’armée et les questions de défense soient traditionnellement du ressort du palais, un parti de l’opposition avait tenté une petite incursion en 1991. Lors de la première guerre du Golfe, l’USFP dirigée à l’époque par Abderrahim Bouabid avait solennellement demandé le retrait des 1200 soldats marocains envoyés pour assurer la garde de la plus grande raffinerie de pétrole en Arabie saoudite. Une position que le roi Hassan II n’avait guère appréciée. Il avait même répliqué en évoquant ce point dans un discours public destiné à remettre les points sur les I.
Des chiites marocains jubilent
Le silence officiel de l’exécutif Benkirane et des composantes de la majorité et de l’opposition parlementaire contraste avec les nombreux débats des Marocains sur les réseaux sociaux, notamment ceux de la minorité chiite du pays. Sur Facebook, la page «les chiites du Maghrib Al Aqsa» abonde en commentaires saluant l’ «exploit» des forces houthies et dénonçant l’alignement du «Makhzen» sur l’Arabie saoudite. Les messages à la gloire du grand frère iranien y occupent également une place de choix.
La page fait, par ailleurs, office de correspondant de guerre auprès du quartier général des rebelles houthis. Elle transmet à la communauté des chiites marocains leurs victoires sur les partisans du président Hadi Mansour dans certains points du Yémen. Le compte tente de démontrer que la tension qui prévaut actuellement au Yémen ne se résume pas en une confrontation entre les sunnites et les chiites, arguant qu’aux côtés des Houthis il y a l’armée encore fidèle au président déchu Ali Abdellah Saleh et des tribus sunnites.
Ces expressions de joie sur Facebook devraient donner des raisons aux groupes salafistes marocains, pro-Arabie saoudite, qui souhaitent intensifier leurs attaques contre les partisans du chiisme au royaume.