Le gouvernement Benkirane accorde un nouveau cadeau aux notables analphabètes. Il vient de rejeter tous les amendements présentés par les députés de la majorité et ceux de l’opposition qui visaient à empêcher cette catégorie de Marocains à présider les conseils des douze régions du royaume. Les représentants du PJD, RNI, MP et PPS à la commission de l’Intérieur à la Chambre des représentants se sont pliés au diktat de l’exécutif et ont décidé unanimement de faire marche arrière.
Le projet de loi sur la régionalisation, si décrié par une partie de la classe politique y compris au sein de la majorité gouvernementale, suit le même chemin que la loi organique des communes. Là aussi, les riches analphabètes auront toutes leurs chances de diriger des conseils municipaux. L’obstacle de l’article 28 de la Charte communale adoptée en 2002 et amendé en 2009, exigeant au minimum le certificat des études primaires, a été tout simplement effacé dans la nouvelle mouture préparée par les services de Mohamed Hassad.
Les raisons du cadeau ?
Ce pari sur les élus analphabètes est en phase avec la philosophie sous-tendue dans le texte sur la régionalisation en cours d’examen à la Chambre basse. Ce dernier prévoit en effet la création d’une administration de la région, chapeautée par un directeur auprès de la présidence. Il s’agit d’une personne non-élue qui aura la gestion du conseil et la coordination entre ses composantes. Elle sera recrutée parmi les cadres relevant du ministère de l’Intérieur. Avec un président analphabète, le fonctionnaire deviendra très certainement le véritable patron.
Ce nouveau garde-fou pour le ministère de l'Intérieur complétera la tutelle exercée par le wali de la région. L’avis de ce dernier est, par ailleurs, nécessaire avant l’adoption de toutes les résolutions du conseil. Rien ne peut se décider sans sa bénédiction. Le concept de décentralisation maintes fois répétés est maintenu dans un corset de plus en plus contraignant. La mainmise du ministère de l’Intérieur sur les communes et les régions continue, donnant ainsi de nouveaux arguments pour les partisans de l’abstention.