A Melilla, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans était de 39,7% en 2009 contre 37,8% en 2008, selon l'office statistique de l'Union européenne (Eurostat). La pauvreté aussi frappe le préside espagnol au nord-est du Maroc. D’après l'Institut espagnol de la Statistique (INE), la pauvreté s'est accentuée de plus de 4%, condamnant en 2009 près de 37% des foyers de Melilla à vivre en dessous du seuil de pauvreté. Les affrontements de la semaine écoulée entre jeunes et policiers ont eu lieu sur fond de disparités sociales profondes.
Melilla, objet de toutes les attentions
Les habitants des quartiers périphériques de Melilla, notamment La Cañada de Hidum, Montecristina et Cabrerizas, majoritairement des musulmans originaires du Maroc, ont débuté depuis mardi, un mouvement de protestation, contre leur marginalisation, a-t-on appris de la MAP. A l’origine de ces manifestations, l’exclusion par l’exécutif local de la liste des bénéficiaires d’un programme de recrutement de quelques 1500 personnes.
Face à l’ampleur des échauffourées, Madrid aurait dépêché des policiers supplémentaires sur place. Beaucoup de barrages routiers ont été érigés dans la ville et la situation est depuis qualifiée d’«état de siège» par l’agence officielle du Royaume du Maroc. La MAP affirmait se baser sur «plusieurs médias» en publiant l'information que Younes, un jeune de confession musulmane aurait succombé à ses blessures, après avoir reçu une balle en caoutchouc tirée à bout portant par la Guardia civil. L’information a été reprise par d’autres organes de presse marocaines.
Une information de trop qui a fait réagir les Espagnols. Le président du gouvernement autonome de Melilla, Juan José Imbroda, a démenti la mort d’une personne lors des affrontements. Aucun témoin n'aurait vu de trace du défunt, dont le corps, aurait pourtant été emporté par la Guardia Civil «vers une destination inconnue», selon la MAP. Ce qui a poussé le quotidien ABC à dire que la MAP a «inventé la mort d'un adolescent à Melilla». El Pais est allé plus loin en écrivant que «les médias officiels marocains ont inventé la mort d'un jeune homme à Melilla», incluant ainsi la télévision marocaine. Une bataille médiatique similaire a eu lieu autour du campement de Laâyoune, surtout depuis la mort de Najem El Gharhi.
Cas Najem El Gharhi : Un média espagnol a vérifié en partie la version marocaine
La mort tragique de Najem El Gharhi a fait le tour de la presse internationale, et surtout espagnole. Comme nous l’avions rapporté, il y a eu une multiplicité de versions des évènements dans le campement de Gdeim Izik. D’un côté la version officielle marocaine des faits, selon laquelle, le jeune de 14 ans a été la victime d’une attaque de légitime défense des gendarmes. Et de l’autre, les Espagnols, qui mettaient en cause la chronologie des incidents tels que décrits par le Maroc. Au point que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taieb Fassi Fihri, a accordé un entretien à l’agence de presse espagnole, dans lequel, il a indiqué que les médias de ce pays, font une couverture «à sens unique» de l’incident de Laâyoune.
Quelques heures plus tard, El Mundo a envoyé un journaliste à Laâyoune. Les témoignages rapportés par la correspondante du journal, Erena Calvo, corroborent en partie, la version marocaine. Ainsi, la mère d'Ahmed Daudi alias 'Djija' reconnait que son fils «a eu des problèmes avec l'alcool et les drogues, comme l'ont dit les autorités marocaines».
L'oncle d'Ahmed Daudi quant à lui expliquait au journaliste d'El Mundo que son neveu aurait été tabassé et expulsé du camp deux jours avant l'altercation avec les forces armées. Le dimanche en question, Djija serait «sorti à une heure de l'après-midi de la maison de son frère, ils s'est réuni avec ses compagnons pour organiser sa vengeance».
Quant aux armes à disposition de ce groupe quand il rentrait sur le camp, les versions continuent de diverger. Des armes blanches et des cocktails Molotov, selon le ministère de l'Intérieur; pas plus que des couteaux, affirme la famille de Daoudi. Selon d'autres témoins, le groupe avait peut-être pris de l'essence pour provoquer une incendie dans le camp. L'enquête s'annonce difficile.