Mort des spéléologues espagnols : L'unique survivant témoigne

Le sauvetage «a été bâclé», «n'était pas normal». C’est ce qu’a déclaré jeudi en conférence de presse à Grenade (Andalousie) Juan Bolivar, le seul survivant de l’accident des trois spéléologues espagnols pris au piège dans un ravin de plus de 400 mètres de profondeur, non loin de Tarmest dans l’Atlas marocain. La gendarmerie marocaine «n'a sauvé personne», a lancé Bolivar, très remonté, à propos de la perte de ses deux collègues, José Antonio Martinez et Gustavo Virues, 41 ans.

Selon le rescapé et des spéléologues, deux gendarmes marocains se sont présentés pour l’opération de sauvetage samedi dernier, soit cinq jours après l’accident. «Ils m'ont lancé une corde et un brancard, mais personne n’est descendu. Je leur ai dit que je n'étais pas médecin, qu’il descendent pour m’aider», confie Bolivar cité par ElPais. Par la suite, un des gendarmes est descendu pour essayer de mettre le blessé (Martinez) sur le brancard, explique le rescapé, précisant qu’au bout de beaucoup d’effort, les deux ont fini par l’abandonner dans une rivière où il est mort plus tard.

«Trois niveaux de responsabilité»

Selon les spéléologues, le premier gendarme n'était aidé que par un collègue qui était sous-équipé. Les accusations visant le Maroc ont été légion ces derniers jours. «Il y a trois niveaux de responsabilité», a souligné pour sa part Juan de Dios Perez, coordinateur du club de spéléologie auquel appartenaient les randonneurs, au cours du point de presse.

Le premier est celui des deux gendarmes, mais il est mineur, car ils «ont tenté de secourir Martinez» et «ont travaillé jusqu'à l'épuisement», explique-t-il. Perez vise aussi le commandement de la gendarmerie marocaine qu’il accuse de n’avoir déployé que deux éléments pour sauver les victimes. Enfin, il estime que le gouvernement marocain peut être mis en cause car il n’a pas accepté une meilleure aide proposée par l’Espagne.

Mesures judicaires contre l’Espagne et le Maroc

De son côté, l'un des compagnons des spéléologues, José Morilla, avait déclaré lundi que «Gustavo Virues est mort sur la montagne, mais José Antonio Martínez a été tué par les gouvernements espagnol et marocain». Durant le même point de presse tenu à Grenade, il a de nouveau accusé le Maroc, estimant que la mort des deux compagnons est «un assassinat». «Un assassinat commis par les autorités marocaines et consenti par le gouvernement d'Espagne». «Des mesures judiciaires seront entreprises» contre le Maroc et l’Espagne, a indiqué Morilla.

Bolivar est lui revenu sur les moments passés avec Martinez. «Je n'avais pas de forces après cinq jours sans manger. J'écoutai José la nuit crier : «je me noie, je me noie». Il affirme avoir été seul avec les deux blessés pendant longtemps et avoir essayé de donner à manger son collègue avant son décès.