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Grand Angle

Gestion de Casablanca : Le diagnostic alarmant du Khalid Safir

Le mode de gouvernance de Casablanca était au cœur de la nouvelle rencontre du cycle de conférence de HEM Casa «Les Décideurs en Question». L’invité à cette occasion, Khalid Safir, Wali du Grand Casablanca, a dévoilé les pistes pour une meilleure gestion de la métropole. Un exposé sans langue de bois au cours duquel il est revenu sur les axes et les leviers du Plan de Développement Stratégique de Casablanca 2015-2020 ainsi que les grands défis auxquels la ville devra faire face.

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HEM a organisé jeudi 2 avril une nouvelle rencontre de son cycle de conférences «Les Décideurs en Question». A cette occasion, l’établissement a invité Khalid Safir, le Wali du Grand Casablanca, pour débattre du «Plan de Développement Stratégique de Casablanca 2015-2020: Quel Mode de Gouvernance pour la Métropole ?». En présence du maire de la ville, Mohammed Sajid, des décideurs et des étudiants, Safir est revenu sur les axes et les leviers du PDSC 2015-2020: assainissement, transport public, sécurité, place de la culture, gestion de l’espace public, situation du patrimoine…

Pour rappel, ce plan, né après le discours royal sur Casablanca, est doté d’un budget de 33,6 milliards de dirhams, dont 16 milliards serviront à améliorer la mobilité, la voirie et les infrastructures de transport de la métropole. Outre cet axe, le budget global servira à améliorer le cadre de vie des populations, l’offre économique et le volet animation. Si 2,8 milliards ont été mobilisés, Khalid Safir a assuré que le budget global a été déjà bouclé. L’Etat fera un grand effort dans le financement, alors que les collectivités locales et les entreprises publiques contribueront aussi dans la mobilisation des fonds. D'autres projets sont aussi en cours et nécessiteront d'un financement, a-t-il expliqué.

23% de chômage d'ici 15 ans ?

Si certains programmes sont en cours exécution, le constat est que la métropole fait face à de grands défis notamment en matière d’emplois. Selon le Wali, Casablanca, qui représente 19% du PIB du pays et totalise 4,3 millions d’habitants, devra redoubler d’efforts pour lutter contre le chômage. En effet, d’ici dix à quinze années, le taux de chômage pourrait monter «jusqu’à 23%», s'inquiète le Wali. Avec une croissance de l’ordre 4% par an, la ville se trouve obligée de contrer ce phénomène. L’objectif à terme est de réduire le chômage à un niveau «gérable», à «7 ou 8%» selon les termes de Khalid Safir.

En outre, la métropole fait face à plusieurs autres phénomènes : insécurité, insalubrité, commerce à l’étalage, augmentation du parc automobile (500 000 en 2004 et 1,2 millions en 2014). Ainsi, pour remédier à l’insécurité, des caméras de surveillance seront installées dans plusieurs boulevards et artères de la ville. Pour ce qui est de l’insalubrité, le Wali a appelé les citoyens à adopter les bonnes habitudes et mettre fin aux dépôts anarchiques de déchets. Concernant le commerce à l’étalage et le phénomène des marchands ambulants, il a surtout déploré le peu de marchés qui existent dans la métropole. En matière de transport, il a rappelé le renforcement des lignes du tramway (80 km de plus) pour couvrir des zones encore non desservies, déplorant aussi le stationnement anarchique qui rend la circulation compliquée dans le centre ville.

Un grand déficit de gouvernance

Mais le point crucial de son intervention aura été le mode de gouvernance de la ville. Khalid Safir a de ce fait reconnu certaines failles en matière de gestion. A ce propos, il a affirmé que l’effectif du Conseil communal est «pléthorique», ce qui a été remarqué après un benchmarking avec d’autres grandes villes du monde à l'instar de Paris ou New York. A cela s’ajoutent un mode de gestion inadapté, un problème de qualité des élus (absence d’élus stratèges), une administration communale faible ou encore un manque de coordination dans les interventions. Des constats qui ont aussi leurs lots de conséquences, notamment lors des élections où Casablanca se démarque en affichant le plus bas taux de participation.

Autre problème dans la gestion de la capitale économique, le budget insuffisant. Sur ce point, Safir a affirmé que la ville ne dispose que de 3 milliards de dirhams de ressources, dont 2 milliards sont consacrés au budget de fonctionnement. Sur le milliard restant, seuls 200 millions de dirhams sont consacrés aux investissements, alors que les 800 millions (ndlr) constituent de dépenses obligatoires. Avec ces ressources, il est difficile d’assurer le financement de certaines infrastructures. En guise d’exemple, Safir a expliqué que Casablanca dispose de 350 km de grandes artères et 5 000 km de voirie. «Il faudrait 7 milliards de dirhams pour rénover les 5.000 km de voirie de la ville avec une seule couche d’asphalte», a-t-il souligné.

Améliorer la place de Casablanca dans les classements

L’autre point sur lequel s’est penché Safir est l’amélioration du rang de Casablanca dans les différents classements des cabinets d’études. Pour rappel, la métropole figure à la 122ème position dans le ranking des 223 villes qui offrent le meilleur cadre de vie aux expatriés. Elle arrive en 53ème place sur 70 villes dans un classement similaires établis par EIU The Economist. En matière d’affaires, la place financière casablancaise figure à la 42ème position sur les 70 villes prises en compte par le GFCI.

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