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Grand Angle

France : Les cheminots marocains espèrent que la justice reconnaitra les « discriminations » de la SNCF

En attendant le verdict prévu de la justice prévu le 21 septembre prochain, les cheminots marocains gardent confiance, espérant que la justice française reconnaisse les «discriminations» qu’ils ont subies de la part de la SNCF. Deux d’entre eux se sont confiés à Yabiladi. Détails.

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«La justice, c’est tout ce qu’on demande. On espère que la justice française reconnaitra les discriminations au travail, aux soins de santé, … que nous avons subies à la SNCF», confie à Yabiladi Ghaouti Ksioua, l’un des 832 cheminots marocains ou d’origine marocaine qui réclament actuellement 400 000 euros de dommage et intérêts à la Société national de Chemins de fer français (SNCF), pour la différence de traitement avec les salariés français.

A 66 ans, l’homme se bat pour finir ses jours dans la dignité. Après une carrière de 34 ans achevée au poste de chef de paie à la gare de Strasbourg, il s’est retrouvé à la retraite en 2002 avec une pension bien moindre que celle de ses anciens collègues français.

Et si le groupe de cheminots est surtout constitué de retraités, il y en a qui sont encore en fonction et appréhendent déjà mal leur retraite imminente. C’est le cas de Mohamed Boubia qui terminera sa carrière d’ici fin juillet prochain après 41 ans de services à la SNCF. «Je suis allé me renseigner, on n’a dit que j’aurai 1 228 euros brut», confie-t-il à Yabiladi. Et M. Ksioua de demander : «Comment arriver à payer un loyer et nourrir une famille avec ça ?». D’après lui, ses collègues français partent parfois avec des retraites supérieures de 500 euros à celles des Marocains ou Franco-marocains, avec souvent moins d’années de travail (32 à 33 ans pour certains).

Manque d'informations

Les deux cheminots sont naturalisés français, mais cela ne leur a pas cependant été d’une grande aide pour leur situation. «Quand on passait les examens on nous disait qu’on avait pas la nationalité pour accéder au grade supérieur. Quand on a eu la nationalité, on nous a dit que c’était trop tard», explique Mohamed Boubia qui avait été recruté depuis le Maroc à l’âge de 19 ans en 1973, contrairement à Ghaouti Ksioua qui résidait déjà en France au moment de son embauche en 1970. En fait, les cheminots marocains n'étaient pas bien informés. Ils estiment que si on leur avait dit au départ qu'il y avait un âge limite pour obtenir un meilleur statut après obtention de la nationalité, ils s'y seraient certainement pris plus tôt pour la demande de naturalisation.

«Nous étions bons quand nous passions les examens, mais nous sommes restés à un niveau  bas pendant toute notre carrière, alors qu’on faisait le même travail que les Français», ajoute le cheminot franco-marocain, soulignant qu’ils étaient pourtant sérieux dans le travail. «Même en cas de maladie, nous allions travailler parce que nous savions que l’absence allait avoir des répercussions sur nos salaires. C'est toute notre vie passée ainsi», argue-t-il.

Un autre cas problématique concerne également l’ayants droit, notamment les veuves de Marocains. Ces dernières se retrouvent avec des pensions de 300 à 400 euros selon M. Ksioua, quand celles des veuves de Français avoisineraient les  «800 euros». «Tout cela est injuste. Comment peuvent-elles joindre les deux bouts dans ces conditions ?», s’interroge-t-il.

Optimisme 

Ils étaient tous aux prud’hommes la semaine dernière. C’est par groupe de 200 qu’ils ont été entendus chaque jour par le biais de leur avocat. Le conseil doit rendre son verdict le 21 septembre prochain et leurs yeux sont désormais braqués vers la justice. «Maintenant qu’un juge professionnel s’est chargé de l’affaire, le verdict pourrait nous être favorable», positive M. Ksioua.

Dans tous les cas, Mohamed Boubia songe déjà à un retour dans son pays d’origine après son départ en retraite. «Beaucoup de contractuels sont rentrés au Maroc pour y vivre, car ils n’arrivaient pas à joindre les deux bouts en France avec leur pension. Après 41 ans de travail acharné, je n’aurais qu’environ 1 000 euros net, comment payer un loyer et subvenir aux besoins de ma famille ? Au Maroc je ressentirai certainement moins de pression», conclu-t-il.

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