De manière générale aux Pays-Bas, les citoyens d’origine immigrée sont considérablement sujets à la discrimination à l’emploi. Mais le fait est encore plus prononcé pour les descendants de Marocains, révèle le quotidien néerlandais De Volkskrant dans une publication basée sur des documents de l’Organisation de Coopération et de développement économique (OCDE).
En effet, ils représentent la proportion de la population d’origine immigrée la plus atteinte. Les chiffres révèlent que 19,6% des descendants d’immigrés marocains sont au chômage, contre 5,7% de des Néerlandais de souche. Ils sont directement suivis par les Antillais (19,3%), les Turcs (15,3%), les Surinamiens (13,9%).
Choquant et inquiétant
Pourtant au moment où éclatait la crise en septembre 2008, seulement 5,7% de descendants de Marocains étaient sans emploi. La sociologue Monique Kremer explique cela par le fait que depuis la crise, les Néerlandais ayant au moins un parent marocain obtiennent des contrats plus souples que la population de souche. «Avant la crise, la croissance de l'emploi concernait surtout le travail temporaire. Lorsque l'économie s’est effondrée, les Marocains et les Turcs ont été les premiers à en pâtir. C’est très décevant parce que nous pensions que cette catégorie de la population était mieux lotie sur le marché du travail», argue-t-elle.
Le véritable problème dans cette situation de fort chômage des citoyens d’origine immigrée, souligne la sociologue, c’est que certains d’entre eux sont parfois «hautement qualifiés» et ont suivi le même cursus éducatif que les Néerlandais de souches. C’est «choquant», estime-t-elle, ajoutant que cette situation est «inquiétante et sape notre conviction que tout ira bien pour celui qui reçoit une bonne formation.
Un gouvernement partagé
Cette discrimination à laquelle sont sujets les descendants de Marocains et autres, le gouvernement en est bien conscient. Le Premier ministre, Mark Rutte, reconnait qu’aux Pays-Bas, «Jan a plus de chances que Mohamed sur le marché du travail» mais dit ne pas être à mesure de résoudre cette problématique. D'après lui, les citoyens d’origine immigrée doivent eux-mêmes se battre pour gagner le «combat» contre les préjugés et la discrimination.
Pour sa part, le ministre des Affaires sociales, Lodewijk Asscher, estime cette discrimination « inacceptable». «Ces chiffres devraient tous nous réveiller. Nous ne devons jamais accepter la discrimination», a-t-il défendu avant d’ajouter : «Jan a de meilleures chances que Mohamed pour l’emploi aux Pays-Bas. Avec une telle discrimination les rêves d'avenir se terminent dans la frustration et le talent gaspillé», a-t-il dit.
Voilà deux positions bien curieuses sur un problème de société aussi important. Reste à savoir ce que l'Etat finira par faire pour que les citoyens néerlandais d'origine immigrée soit moins (ou plus du tout) sujets à la discrimination.