«Il est primordial que le Maroc retrouve sa souveraineté sur la décision socio-économique», tranche le Mouvement Anfass Démocratique dans un rapport parvenu à notre rédaction et intitulé «Sortir des politiques des limites vers des politiques des possibles». Une position qui donne raison à l'économiste Najib Akesbi qui a, à plusieurs reprises, affirmé que le Maroc «a perdu sa souveraineté» en se tournant vers l'endettement international, avec notamment les emprunts obligataires de 2012 et 2013, ainsi que la ligne de précaution et de liquidité du Fonds monétaire international (FMI).
Revenant sur les contraintes budgétaires engagées dans les années 80 et qui ont mené au plan d’ajustement structurel, Anfass regrette que cela ait eu des «conséquences désastreuses» sur le quotidien des Marocains, avec notamment la baisse du pouvoir d’achat. Et ce, «sous les applaudissements d’institutions financières mondiales».
L’équipe Benkirane reproduit «les mêmes recettes»
L’Association estime que l’actuel gouvernement est en train de reproduire «les mêmes recettes» que les précédents. Elle regrette que la politique d’endettement interne appliquée par le Maroc lors de la dernière décennie soit «en train d’être marginalisée sous les recommandations des institutions financières pour plus d’austérité et de désengagement de plusieurs secteurs notamment les services publics». Pourtant, ladite politique favorisant le développement de la consommation interne – souligne l’ONG – a permis au royaume d’enregistrer ses meilleurs taux de croissance. Le Maroc se trouve acculé d’appliquer les “recommandations” des institutions financières internationale», écrivent les auteurs du rapport faisant allusion notamment à la décompensation des carburants complètement mise en œuvre en 2014.
Autre regret de l’ONG : la faible création d’emploi par des secteurs restés «sous perfusion des subventions» ainsi que la multiplication des investissements dans le secteur tertiaire au détriment de l’industrie. «La part du secteur industriel n’a fait que baisser dans le PIB marocain menant à des destructions d’emplois, et ce en faveur d’une tertiarisation à faible valeur ajoutée pour l’économie et surtout pour l’emploi», note le rapport. En outre, Anfass évoque également les multiples investissements dans l’immobilier ces 15 dernières années qui n’ont cependant pas amélioré la part du secteur secondaire dans le PIB.
Remettre le citoyen marocain au centre des politiques économiques
Dénonçant la «politique des limites» imposées par les orientations sociaux-économiques prises souvent sur recommandation du Fonds Monétaire International ou la Banque mondiale notamment, Anfass plaide pour une «politique des possibles». Pour montrer qu’il est possible d’y arriver, les auteurs du rapport ont illustré l’évolution du PIB par habitant que quelques pays dont le Maroc. Alors qu’ils étaient tous sensiblement au même niveau dans les années 60, certains ont pu faire évoluer leur PIB par habitant à des proportions insoupçonnées. C’est le cas notamment du Brésil qui est passé d’environ 500 dollars à 11 000 dollars de PIB par habitant en l’espace de 50 ans.
Le Mouvement Anfass Democratique propose de «sortir des schémas classiques qui ont causé les drames dont nous vivons aujourd’hui […]en mettant le citoyen marocain au centre des politiques économiques».