Le débat autour de la fin de vie en France se poursuit. Alors que les politiques se sont affrontés hier au Parlement, cinq représentants musulmans, juifs et chrétiens s’unissent pour dire «non» à l’euthanasie. «Nous lançons un appel commun, inquiet et pressant, pour qu’une éventuelle nouvelle loi ne renonce en aucune façon à ce principe fondateur : toute vie humaine doit être respectée spécialement au moment où elle est le plus fragilisée», écrivent ces représentants religieux dont le président de l’Union des mosquées de France et président d’honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, dans une tribune publiée sur le site du journal Le Monde.
Soulignant que lors du vote de la loi Leonetti en 2005, les parlementaires français étaient unanimes pour préserver l’interdit de tuer, les auteurs de la tribune rappellent que la quasi-totalité des pays du monde entier interdisent l’euthanasie, elle-même condamnée par le Conseil de l’Europe. Ils font ainsi allusion à la proposition de loi discutée hier au Parlement, qui instaure un droit à une sédation «profonde et continue» jusqu’au décès pour les malades en phase terminale.
«Nous demandons que cette loi civile soit civilisatrice, c’est-à-dire qu’elle aide à vivre et à mourir, sans jamais écourter la vie, sans jamais décider de donner la mort», affirment les religieux, expliquant que la nouvelle loi devrait s’entourer d’un «large consensus autour de principes clairs, sûrs que le moindre équivoque en ce domaine générera, à terme, la mort d’innombrables personnes sans défense».
Attention !
Pour Mohamed Moussaoui et ses camarades, dire «oui» à la proposition de loi actuellement débatue, serait dangereux pour la société française, car cela ouvrirait la porte à la «tentation de donner la mort, sans l’avouer, en abusant de la sédation». Cette technique, disent-ils, ne doit être utilisée qu’«à titre exceptionnel», au risque de jouer avec des «concepts sensibles» et exposer la société à des conséquences néfastes. Le groupe de religieux préconisent plutôt l’accompagnement des personnes en fin de vie, tout en préservant leur droit à la vie. Ils ont également appelé les politiques à «un débat serein, démocratique et respectueux de la personne humaine et de sa dignité», au risque de semer la «confusion» dans le contexte post-attentat en France.
L’unité affichée des religieux musulmans juifs et chrétiens autour de cette question épineuse pour l’actuel gouvernement français, fait réagir notamment sur Twitter.
#findevie : c'est la première fois que l'ensemble des religions s'expriment avec tant de force et de cohérence http://t.co/kj1b5YZYBE 1/2
— Jean-Pierre Denis (@jeanpierredenis) 9 Mars 2015