Le cabinet royal réagit, mardi soir, aux allégations du ministère nigérian des Affaires étrangères. «Le Royaume du Maroc s’étonne de la tournure rocambolesque donnée par le Nigéria à un pseudo entretien téléphonique qui n’a jamais eu lieu entre SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, et le président nigérian», lit-on dans un communiqué. Et d’ajouter que le Palais «dément catégoriquement les allégations mensongères des autorités nigérianes faisant état d’un prétendu entretien téléphonique entre le Souverain et le président de la république du Nigéria».
Rabat rappelle son ambassadeur à Abuja
Dans un précédent article consacré à cet incident, Yabiladi avait indiqué que le département des Affaires nigérian a prétendu que «le président Jonathan a parlé avec le monarque marocain au téléphone», lorsque ce dernier «était en France et non au Maroc (…) Les deux leaders ont évoqué longuement des questions d’intérêts commun». Au passage, le ministère estime que «l'information rapportée par des sites internet étrangers est incorrecte».
L’affaire du coup de téléphone, qui faut-il le rappeler n’a jamais eu lieu, est appelée à évoluer. Déjà, mardi soir, le département de Salaheddine Mezouar a annoncé le rappel «immédiat» de l’ambassadeur du royaume dans ce pays «pour consultations». Le ministère a répété, dans un communiqué, les mêmes arguments cités auparavant dans le texte du cabinet royal, tout en précisant que Rabat «exprime son étonnement et sa dénonciation à l'égard de ces pratiques contraires à l'éthique et à l'esprit de responsabilité qui doivent prévaloir dans les relations entre Etats».
Goodluck Jonathan est sur la corde raide
A deux semaines du scrutin présidentiel du 28 mars, le président-candidat a grandement besoin des voix de la communauté musulmane, installée au nord. Il a en face de lui l’ancien chef d’Etat, le général Mohammed Buhari, au pouvoir du 31 décembre 1983 au 27 août 1985, grâce à un coup d’Etat.
L’ancien militaire entend effectuer un retour en force sur la scène politique locale, grâce notamment au soutien des musulmans. Une communauté qui entretient de très solides liens avec la monarchie marocaine. A titre d’exemple, les adeptes de la Tariqa tijanie au Nigéria avoisine les 40 millions, selon le cheikh Ali Hassan Cisse, le président des organisations islamiques africaines des populations et du développement. Un réservoir de voix que Goodluck Jonathan convoite.