La justice française a-t-elle refusé d’instruire la plainte pour torture, déposée par la défense de Naâma Asfari contre une vingtaine de responsables sécuritaires marocains dont Abdellatif Hammouchi, le patron de la DGST ? Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien arabophone Assabah avance que Mme Nathalie Turquey, la nouvelle magistrate chargée de l’affaire, aurait estimé que le dossier serait «fragile» et manquerait d’éléments «cohérents et convaincants» à même de prouver les accusations de la partie plaignante.
Me. Joseph Bréham : «C’est complétement faux !»
Ce matin, Yabiladi a contacté Nordine Drci, le directeur des programmes au sein de l’Association chrétienne contre la torture et la peine de mort (ACAT), en vue de vérifier ce revirement judiciaire. «La justice française continue d’instruire les plaintes déposées contre Abdellatif Hammouchi. Il faut également rappeler que la procédure veut que les plaintes soient jugées recevables avant la désignation d’un juge d’instruction, et nous sommes justement à cette étape de l’instruction par un juge d’instruction», a-t-il répondu dans un mail.
Plus direct, Joseph Bréham, l’avocat des plaignants, affirme lors d’un entretien par téléphone, que tout ce qui a été publié à ce sujet par le quotidien arabophone Assabah et un site web d’actualité «est complétement faux. C'est du racontar de bruits de couloirs». «Ils ont raison sur un seul point : le nom de la juge Nathalie Turquey», ironise-t-il. Et de s’interroger comment la magistrate a pu conclure à la fragilité du dossier alors que sa désignation pour suivre toute l’affaire remonte à une quinzaine de jours, seulement ?
Me. Bréham révèle que le dossier des plaintes déposées contre Abdellatif Hammouchi, le chef de la DGST, est passé par les mains de trois autres juges : Sabine Kheris, David De Pas et Marie Coquelle avant d’atterrir sur le bureau de Mme Turquey. L’avocat estime que la publication de «ce genre de rumeurs traduit l’embarras du pouvoir marocain».