Tel était le cas ce mercredi, 6 octobre, en début de soirée. Le piéton qui se trouvait par hasard devant la nouvelle gare de Rabat-Ville vers 18 heures, devenait témoin d'une manifestation accompagnée de scènes assez impressionnantes (en dehors de toute considération des revendications des manifestants).
Répartis en plusieurs petits groupes à différents coins de la place de la gare, des manifestants scandent leurs revendications : "emploi=dignité". Tout semble pacifique, mais ils crient fort, et le piéton ne comprend pas pourquoi ils sont si dispersés. Certains groupes bloquent la circulation, d'autres, avec leurs maillots verts, restent sur les trottoirs, se mêlent aux passants, reconstituent un groupe sur un autre coin de la place. Ils sont plusieurs centaines, peut-être 200 ou 300. Il y a du mouvement, ca va vite, un peu comme un banc de poissons qui se disloque en petits groupes pour mieux se reformer ensuite.
Des policiers sont là, au début ils sont 5. L'un d'entre eux tente de réguler la circulation très dense en cette heure de pointe. Les 4 autres sortent leurs matraques. Certains groupes de manifestants s'approchent toutefois des policiers – qui chargent. Et qui se retrouvent au milieu du rond-point, autour duquel les manifestants changent d'attitude. Le passant ne comprend pas bien cette agressivité, il vient d'arriver.
L'ennemi, c'est la police. «Regardez comment sont traités les droits de l'homme», crient-ils, faisant signe aux passants d'observer les méthodes des policiers. Ces derniers chargent à nouveau, un petit groupe de manifestants déguerpit, non sans que quelques coups de matraques aient atteints leur cible. Autour de la place, un concert de sifflets commence. Vocalement, le rapport de force est clair. 300 contre 4, même les puissants sifflets des policiers ne pourraient pas faire le poids.
Mais les matraques, la police en tant qu'institution, et ... la témérité des 4 jeunes agents, font la différence. Ils continuent leur stratégie de petites incursions violentes dans les groupes de manifestants. Ils les gardent à distance et commencent même à les disperser, jusqu'à ce que des renforts arrivent. Une scène presque surréaliste, où 4 personnes armées d'une matraque arrivent à maîtriser plusieurs centaines de manifestants aussi jeunes qu'eux, parvenant ainsi à protéger l'accès à la gare Rabat-Ville et les axes de communication.