Yabiladi.com : Quel est le but derrière la création d’une nouvelle fondation à Tanger?
Issam Alhassani : Tout d’abord, il convient de rappeler que la fondation «Khat rissali» pour les études et publications a été fondée en mars 2014 et non maintenant. D’autant plus qu’elle a vu le jour à Fès et non à Tanger. Ce qu’il y a en réalité, c’est que nous allons juste transférer la fondation vers la ville de Tanger.
Pourquoi avoir choisi Tanger ?
La seule raison est que la plupart des membres du conseil d'administration de la fondation résident à Tanger.
Avez-vous l’intention d’étendre votre présence à d’autres villes du Maroc ?
La fondation a le droit, conformément à la loi, d’avoir plusieurs sièges et branches dans toutes les villes marocaines. Mais à vrai dire, nous ne pensons pas à ça pour le moment. Aujourd’hui, on préfère concentrer le travail plutôt que de le disperser.
Quelles seront les activités proposées par la fondation ?
Selon la loi fondamentale de l'institution, il y a deux sortes d’activités principales : un département pour les études et la recherche, et une autre pour la publication et la distribution. Il y a aussi des activités secondaires prévues par la loi, comme la représentation des institutions nationales et internationales, l’organisation de fêtes et festivals, la production audiovisuelle et la publicité…etc.
Certains vous accusent d’être affiliés à des parties étrangères.
Ces personnes ne connaissent pas grand-chose à la loi. Notre fondation est purement marocaine. Elle ne compte aucun étranger parmi ses membres et n’est affiliée à aucune entité étrangère. Il y a des organes de contrôle de l’Etat chargés de contrôler tout ça.
Ne pensez-vous pas que l’octroi de cette autorisation par les autorités marocaines est un moyen pour mieux vous censurer ?
Si c’est le cas, nous sommes pour que l’Etat puisse jouer son rôle et nous censurer (Ndlr : quand il le faut). Nous avons toujours cherché à établir un cadre conforme à la Constitution et à la loi, mais nos nombreuses tentatives dans ce sens n’aboutissaient pas. Nous avons toujours demandé à pouvoir travailler sous la surveillance de l’Etat, dans un cadre ouvert, conforme à la loi, et ce parce que nous croyons en la loi, l'Etat et la citoyenneté…
Que répondez-vous aux religieux marocains, tels que le cheikh Zamzami et Abou Naïm qui demandent à ce que l’on vous retire toute autorisation ?
Je pense que ces gens n’ont pas le droit de se mêler de ce qui ne les regarde pas. Priver des citoyens marocains de leurs droits civils va à l’encontre de la Constitution, de la loi, des normes et des conventions internationales. Les cheikhs n’ont pas à intervenir vu que le champ religieux officiel au Maroc et dirigé par le roi en sa qualité de commandeur des croyants dont nous faisons partie. En tous cas, nous ne les suivrons pas dans ce domaine.
Quelle est votre position sur les questions nationales et la politique étrangère du Maroc ?
Nous ne sommes pas un parti politique pour qu’on nous demande d’avoir une position politique. Nous sommes une fondation culturelle commerciale, nous ne pouvons pas interférer dans les affaires politiques.
Est-il possible qu’un parti politique soit créé à l’avenir à travers cette fondation ?
Selon la loi, la fondation ne peut pas se transformer en un organe politique, mais ses membres ont le droit d’être affiliés à un ou plusieurs partis politiques. Ils ont aussi le droit de fonder un parti politique s’ils estiment qu’ils en ont la capacité ou s’ils ont des intérêts pour l’établir.
Est-ce que vous recevez des aides de l’étranger ?
La fondation est totalement dépendante des contributions données par ses fondateurs et partenaires. Elle dépendra après de ses propres profits générés. Il n’y a aucune aide ou soutien de l’extérieur. Nous sommes aussi ouverts à tout partenariat avec les institutions nationales et étrangères pour conclure d’éventuels contrats dans la mesure de ce que permet la loi marocaine.
Quelle est votre position par rapport aux conflits actuels dans certains pays arabes, la Syrie, le Bahreïn et le Yémen en particulier ?
Comme je vous l’ai déjà dit, la fondation n’interfère pas dans les affaires politiques internes ou externes, mais si vous me demandez mon point de vue en tant que citoyen marocain, je vois qu’il y a actuellement une lutte internationale entre l'Est et l'Ouest qui se reflète dans la région. Pour remédier aux conflits en Syrie, au Yémen et au Bahreïn, je ne vois pas d’autres solutions que d’adopter les politiques internes et renoncer à la violence.
Est-ce que le rétablissement des relations entre le Maroc et l'Iran se refléteront positivement sur letravail de votre organisation?
Nous sommes là bien avant le rétablissement des relations maroco-iraniennes, ce qui veut dire que notre existence est plus liée au contexte national et non à l’étranger. Nous avions déjà fait une première demande pour la création d’une association (Rissalioune takdimiyoune) en 2013, au moment où ces relations étaient quasi-absentes. Nous sommes les enfants du Maroc et nous n’avons pas à influencer, ou à être influencé par la reprise ou la rupture de relations bilatérales entre deux pays, même si en tant que Marocains, nous souhaitons que le Maroc puisse entretenir de bonnes relations avec tous les pays du monde, sauf l’Etat usurpateur de la terre de Palestine.