Le réchauffement des relations entre Rabat et Téhéran bénéficie aux chiites. Le royaume s’ouvre doucement aux membres de cette petite communauté. La ville de Tanger pourrait accueillir le siège d’une fondation des études et de publication appartenant aux partisans du «Khat Rissali», un courant modéré qui possède déjà un site d’actualité, autorisé par les autorités.
Il s’avère que le ministère de l’Intérieur aurait levé son véto et permis au tribunal de commerce de la capitale du Détroit de valider la création de la nouvelle structure qui revendique des «objectifs culturels». L’inauguration de la nouvelle structure est prévue le samedi 21 février. La présence d'intellectuels devrait être un indicateur révélateur du niveau de la bénédiction de Rabat à un tel projet.
Initialement, les promoteurs du projet avaient opté pour la capitale spirituelle du royaume pour abriter la fondation avant de laisser tomber ce choix en faveur de Tanger. Au fil des années, la ville est devenue un bastion des chiites marocains grâce aux relations familiales qui lient les fidèles de la deuxième branche de l’islam de la ville avec certains MRE chiites résidents notamment en Belgique et aux Pays-Bas.
Une ouverture prudente
En dépit de cette ouverture, il est encore prématuré de parler de la levée totale des restrictions frappant les activités des chiites marocains. La question de la fidélité à l’Iran et non au royaume, constitue le principal obstacle à une normalisation. Du Liban à l’Irak et jusqu’au Yémen, qui vient de tomber sous le contrôle des rebelles Houthies, les fidèles obéissent aux oukases en provenance du régime des Mollahs.
La création de ladite fondation à Tanger intervient trois mois après que les autorités locales aient autorisé la communauté chiite à commémorer, publiquement, le meurtre d’Al Hussein, petit-fils du prophète Mohammed, et de sa famille à Karbala (en Irak) par les forces du deuxième calife omeyyade Yazid (680-683). Une première.
Cette prudente ouverture du Maroc constitue une évolution logique des événements dans le Golfe. Le danger qui menace la stabilité des pétro-monarchies n’émane plus de l’Iran mais de l’organisation de l’ «Etat islamique». La religion est mouvante et ne fait que suivre la politique.