Dès le début de l’émission, la journaliste pose une question et pas des moindres : Comment devons-nous vous appeler à présent, ex-chef ?
«On me présente en tant que professeur et président de l’AMLAC. C’est d’ailleurs le plus important pour moi car je suis médecin, j’ai soigné mes compatriotes pendant 30 ans et je continuerais à défendre les droits et la santé de la femme et de l’enfant», a-t-il rétorqué.
Venu pour parler essentiellement d’une nouvelle contraception d’urgence délivrée en pharmacie sans ordonnance, il en profite pour déclarer que le but de son association est justement d’éviter les grossesses non désirées en prévenant les jeunes femmes.
«Tous les jours il y a des abandons d’enfants et des avortements clandestins qui peuvent valoir la vie de beaucoup de femmes et personne ne fait rien. Il faut qu’une loi légalise l’avortement, car ces jeunes filles iront le faire quoi qu’on leur dise. Si elles ont de l’argent elles iront voir un médecin, sinon elles le feront de manière traditionnelle et mortelle.»
Descente aux enfers
«Pendant 15 jours l’équipe de France 2 a tourné un reportage au sein de la maternité. Les journalistes ne montrent rien de négatif. Au contraire, on a donné l’image d’un pays qui s’ouvre démocratiquement et où il ya un droit à l’expression. On a montré que même un enfant abandonné a droit à toute notre attention et aux meilleurs soins.
L’émission n’a pas plu au ministère de la Santé, toute une enquête a été lancée. Lorsque les médias m’ont demandé si j’avais peur des sanctions, j’étais confiant. Mr le ministre, El Ouardi, nous a toujours soutenu dans cette action, il est médecin, il comprend, donc je ne pensais pas être suspendu.
Par la suite, j’ai été convoqué. Le ministre avait demandé qu’on me sanctionne au niveau du CHU, de la faculté et de la commission scientifique (alors que la commission est là pour juger mon enseignement et non pas ma morale). Je suis passé devant la commission du conseil de l’ordre qui n’avait rien à me reprocher.
Le 27 janvier je reçois brutalement un papier stipulant que j’ai été démis de mes fonctions.»
Ce que le ministère reproche à Dr Chraïbi :
1- Un tournage sans autorisation : «C’est faux, j’ai les preuves du ministère de la Communication.»
2- Un tournage clandestin : «Nous avons filmé 15 jours dans la maternité jour et nuit, à Dar El Hadith El Hassani, à la prison et au tribunal de Meknès, comment aurions-nous pu faire tout ça en cachette. A la maternité, à aucun moment la direction ne nous a arrêtés, alors que tout le monde nous voyait tourner, on ne peut cacher une caméra et une équipe de journalistes.»
3- Un médecin en réanimation enregistré à son insu : «Nous avons l’enregistrement en Off de France 2 où on entend la femme approuver que la communication téléphonique soit enregistrée. La preuve, elle a même fait une interview avec les journalistes. Par la suite, elle a démenti avoir donné son accord.»
4- De faux chiffres : «Nous avons donné nos chiffres selon notre étude : 600 avortements par jour. Le ministère n’est pas content et ne veut pas donner les siens pour comparer, car d’après eux, il n’y a pas d’avortement au Maroc. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a pourtant des chiffres qui se rapprochent des nôtres.»
5- Avoir filmé une femme pendant l’accouchement : « Elle était d’accord, car il s’agissait d’une grossesse volontaire et d’une femme mariée. Pour celles qui n’ont pas voulu, les visages ont été flouté.»
«On n’a rien à me reprocher j’aime mon pays et je veux que les femmes de mon pays aient le droit à la santé. J’ai confiance en la justice et ai beaucoup de soutien sur le net. D’ailleurs, ma page de soutien sur Facebook, a dépassé les 7 500 mentions j’aime en quelques heures. Je suis confiant».