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Grand Angle

Ambiance jazz à Tanger : « A Tanjazz, tout le monde est VIP »

A 11 ans d’existence, le festival Tanjazz est le plus vieux festival de Jazz au Maroc, dans la ville même qui avait vu, en 1972, le premier festival de jazz dans le Royaume, organisé alors par le pianiste américain Randy Weston qui vivait à cette période à Tanger. En 1999, c’est un «cinglé et tordu qui s’appelle Philippe Lorin» (selon ses propres dires) qui a lancé la première édition de Tanjazz. Yabiladi.com est heureux d'avoir été partenaire média de l'édition Tanjazz 2010.

Publié
Philippe Lorin, "monsieur Tanjazz", en plein travail de coordination
Temps de lecture: 2'

Pourquoi cinglé ? Parce-que lancer un festival de jazz dans une ville marocaine qui, dans les années 90, avait perdu de son attractivité internationale, ce n’est pas le projet le plus évident à faire aboutir. «Une aventure impossible, vous n’y arriverez pas», lui avait-on prédit.

L’objectif est pourtant là. Dans la vision de l’ancien publicitaire, il faut que «les gens se ré-intéressent à ce qui se passe à Tanger», il faut «remettre Tanger sur la carte de la culture, de l’amusement, sur la carte de la fête, et sur la carte du tourisme».

Pourquoi alors le jazz ? «Je ne connais que le jazz et le latino et la musique classique», nous explique M. Lorin. «Et la musique classique... J’ai commencé par le jazz qui était ma passion depuis que j'ai 14 ans».

Ensuite, le premier concert : «deux groupes sont venus gratuitement parce que je connais des musiciens jazz, ils ont eu la gentillesse de venir à l’œil, jouer à l’œil». Sauf que le public n’y était pas encore. 60 spectateurs, mais les organisateurs – regroupés dans la fondation Lorin – ont persévéré. Et comme l’indique Philippe Lorin, «aujourd’hui, nous avons un public, un public qui vient pour écouter cette musique là». Un public de Rabat, Casablanca, mais aussi de l’Espagne, de Paris et du bassin Marseillais. Le festival s'internationalise.

Mais pour qu'il prenne pied à Tanger, en plus du public d’amateurs, un public local doit être conquis. Alors pas de jazz expérimental mais plutôt du jazz soigné, du blues, funk et soul, et, de plus, une scène gratuite où est diffusé la nouvelle scène marocaine «pour faire plaisir au public tangérois».

De manière générale, la programmation «n’est pas une programmation chapelle», pour ne pas reproduire l'idée selon laquelle le jazz est une musique élitiste ou élitaire, affirme M. Lorin. «Allez demander à Louis Armstrong si sa musique est une musique intellectuelle», poursuit-il. «Il vous répondra qu’il joue cette musique avec ses nerfs, avec ses muscles, avec son sang, avec ses tripes, avant que ça ne passe par la tête». La musique parle d'elle-même à qui veut l'entendre. «Ici à Tanjazz, tout le monde est VIP», rajoute-t-il.

Mais l’idée a du mal à percer. Sauf dans la rue. Deux fanfares ont joué en se déplaçant au centre ville de Tanger, allant à la rencontre des gens - qui ont apprécié et en ont fait un vrai spectacle. Mais dans l'enceinte du palais des institutions italiennes, où se trouvent les scènes jazz, on a bien l'impression que pas tout le monde n'est VIP. Alors y a-t-il un fossé entre le jazz et le public tangérois ? Pour un musicien d’une des fanfares, «ce n’est pas qu’elles [les scènes] sont à l’écart, c’est que les gens ne viennent pas. Pourtant, il y a des scènes ouvertes. Mais il n’y a pas tant de curieux».

Il reste donc du chemin à parcourir, mais le festival s'y engage, notamment à travers le Tanjazz pour enfants, une après-midi dédicacée à la découverte du jazz pour un jeune public tangérois. Et s'il y a certes des musiciens dont la musique reste difficile à apprécier, d'autres n'ont pas besoin d'être expliqués. A l'instar de Monty Alexander, pianiste jamaïcain, qui a su capter son public vendredi soir. Et qui se dit heureux de jouer au Maroc pour la première fois, un pays sur lequel il tirait ses informations principalement d'un ami : Randy Weston.

Tanjazz en chiffres

Côté chiffres, l’organisateur se dit satisfait. 4000 spectateurs auraient été accueillis aux concerts payants, des dizaines de milliers aux scènes gratuites. Mais les recettes restent marginales, d’autant plus qu’il y aurait environ 500 places gratuites tous les jours avec sponsors, autorités et corps constitués. Les 650 000 dirhams de recettes de l’édition 2010 parviendraient ainsi à couvrir seulement 1/6 des dépenses.

Mais avec moins de 4 millions de dirhams de dépenses, le festival reste tout de même « ridiculement bon marché », selon Philippe Lorin. Lui-même, chapeautant agence artistique, agence de communication et d’évènementiel, a ainsi beaucoup contribué à réduire les coûts. Et il dit « négocier pied à pied avec les musiciens ».

Il est critique envers certains festivals du Maroc et leurs budgets faramineux. Ainsi, le budget de Mawazine pourrait financer deux ou trois festivals de cette envergure, « et ce serait super ». Critique cependant sur trop de festivals au Maroc, qui n'ont, pour beaucoup, pas assez de caractère, il a été contraint de repousser Tanjazz en septembre. Le nombre de festivals entre mai et juillet est simplement trop élevé. Mais avec des salles de concert pleines, ce pari d'un Tanjazz tardif dans l'année semble être gagné.

Ridicule!!!
Auteur : ridicule
Date : le 23 septembre 2012 à 09h51
hhhhhhh Vous me faites rire ou plutôt celui qui est effectivement cinglé qui me laisse éclater de rire !!!! 650.000 dhs de recettes!!! Mais vous vous foutez de nous!!!! Soyez certains que si son ridicule tanjazz réussit c'est parce que les marocains sont faibles devant les européens et je n'en rajouterai pas plus. Vive les festivals de notre patrimoine.
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