Fin décembre, un journaliste égyptien s’en prenait ouvertement à Mohammed VI, l’accusant d’avoir réquisitionné cinq avions lors de son voyage privé en Turquie. Le lendemain il présentait brièvement ses excuses et passait à autre chose.
Ce dimanche 18 janvier, après un silence de plus de trois semaines, le ministère égyptien de la Culture sort enfin de son silence pour annoncer, dans un communiqué relayé par la presse, à l’adresse de l’opinion publique locale et surtout marocaine, que l’animateur en question n’est pas un salarié du département de Jaber Ousfour.
Le texte précise, en effet, que le contrat qui liait Mohamed Nacer Ali, l’auteur de l’intox, aux services du ministère de la Culture avait expiré le 30 juin 2013, soit exactement le jour de la destitution de Mohamed Morsi par les militaires.
Et d’ajouter que l’animateur travaille actuellement pour «la chaîne Misr Al An, implantée à Chypre», qualifiée au passage de «média des Frères musulmans». La confrérie est déclarée organisation terroriste et son bras politique, le Parti Liberté et Justice (PLJ) a été dissout en août 2014, suite à une décision de la justice.
Pourquoi réagir maintenant ?
Le communiqué du ministère de la Culture souligne que l’attaque contre le roi Mohammed VI a été présentée, "par son auteur", comme portant la signature des moyens de communication officielle du régime Al Sissi dans le but de «nuire aux bonnes relations entre les deux pays».
Le timing de la réaction officielle égyptienne intervient presque 48 heures après la visite du chef de la diplomatie Sameh Choukri, au Maroc, marquée par des entretiens avec son homologue Salaheddine Mezouar et une réunion avec le roi Mohammed VI.
La sortie médiatique, outre le fait qu’elle survienne après plus de trois semaines de silence, surprend. Pourquoi a-t-elle porté essentiellement sur les attaques de Mohamed Nacer Ali, omettant celles commises par d’autres animateurs de télé contre le peuple marocain ou le roi ? Et pourquoi le ministère de la Culture s’est-il rendu compte aujourd'hui, par miracle, que la chaîne «Misr Al An» est pro-Frères musulmans et du coup hostile à l’homme fort au Caire ?
Le 31 décembre, au cours d'une émission présentée par le même Mohamed Nacer Ali, le média en question désignait le président Abdelfattah Al Sissi de plus «mauvaise personnalité de l’année 2014».
Mieux encore le 25 août, l’homme fort au Caire, à l’occasion d’un entretien avec certains patrons de presse, n’avait pas hésité à accusé la chaîne «Misr Al An», d’être à la solde de «parties ennemies» de son régime.