Réconciliation, tel est le mot d'ordre du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans la crise franco-marocaine. «Je compte me rendre prochainement personnellement dans ce pays [le Maroc, ndlr]», a-t-il annoncé ce jeudi alors qu’il s’exprimait devant les sénateurs, rapporte l’AFP.
Le chef de la diplomatie française entend essayer de «rétablir des relations telles qu'elles n'auraient jamais dû cesser d'être». Pour mémoire, le Maroc a interrompu sa coopération sécuritaire et judicaire avec la France suite au mandat d’arrêt émis par Paris contre le patron de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), Abdellatif Hammouchi. Depuis lors, le cordon sécuritaire et judiciaire entre les deux pays est coupé, même si la collaboration dans d’autres domaines, économique notamment, se poursuit. «Je le répète, [le Maroc, ndlr] est l'ami de la France», a réitéré M. Fabius, affirmant que les deux gouvernements «avançaient» pour «trouver des solutions», afin d’en finir avec la crise.
Guéant, Sarkozy et Pasqua en ont déjà discrètement signalé l’urgence
Avant les déclarations du ministre, la droite avait déjà signalé l’urgence de la reprise de la coopération judiciaire franco-marocaine. «Il faut que nous améliorions les choses avec le Maroc», a déclaré hier Claude Guéant, invité du Talk Orange-Figaro. Il faisait ainsi allusion à la crise actuelle, reconnaissant que le mandat d'arrêt émis contre le patron des services secrets marocains «n'a pas plu» à Rabat, tout comme la fouille à Roissy du ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar. Il a même sous-entendu que le Maroc aurait «peut-être» pu aider la France à prévenir l’attentat contre Charlie Hebdo.
Lundi, c’était Nicolas Sarkozy qui lançait également un appel du pied lors de son intervention sur RTL. Rappelant qu’«en matière de terrorisme, une affaire sur deux étudiées [en France, ndlr] l’est à partir d’un renseignement venant d’un service étranger», le président de l’UMP a déclaré sans détour : «Nous devons reprendre des relations avec le Maroc dignes de ce qu'est l'histoire entre le Maroc et la France».
Avant lui et ce, le jour même de l'attentat de Paris, Charles Pasqua portait le même message. «Nous devons […] renforcer nos relations sur le plan international. Or, actuellement, nos relations avec le Maroc, qui était l'une de nos principales sources de renseignement, sont considérablement distendues», faisait remarquer cet ancien ministre français de l’Intérieur.
Après environ une année de tension, la France veut donc faire profil bas et enterrer la hache de guerre afin de regagner une coopération qui lui est, visiblement, capitale. L’accueil particulier réservé le 6 janvier dernier à la présidente de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée française laissait présager une possibilité de dégel des relations diplomatiques entre les deux pays. La visite prochaine de Laurent Fabius pourrait vraissemblablement donner un nouveau ton à l'état actuel des relations bilatérales en matière de sécurité.