«Les gens qui ont lancé un assaut au nom de l'islam ne sont pas des musulmans, ne peuvent pas parler au nom des musulmans. Le prophète Mohamed n'a pas prôné la violence contre les non-musulmans. Ces gens (les dessinateurs) nous ont attaqués avec la plume, la réponse (des musulmans) doit être par la plume». C’est en ces termes qu’Abdel Qader Achour, imam de la mosquée Omar dans le XIe arrondissement de Paris, s’est adressé à ses fidèles durant la prière ce vendredi midi, rapporte l'AFP.
«A la caricature, nous devons répondre par la caricature»
«A la caricature, nous répondons par la caricature, par un dessin, à un article de presse par un article de presse [...] Mais on ne répond pas avec les armes», a quant à lui affirmé l'imam de la mosquée de l'Union à Montpellier (sud), Mustafa Riad. Comme eux, tous les autres imams de France ont tenu le même discours dans leur prêche du jour, condamnant ainsi l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo mercredi et qui a coûté la vie à 12 personnes dont les quatre dessinateurs du journal satirique. Ils ont également appelé tous leurs fidèles à participer massivement à la manifestation nationale prévue dimanche. Ils avaient reçu des directives du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) dont les dirigeants ont eux-mêmes appelé hier la communauté à la solidarité avec la nation.
Les imams qui étaient à l’étranger au moment de l’attentat ont eux aussi porté le même message. Quatre d’entre eux dont le recteur de la mosquée de Villeurbanne, Azzedine Gaci, se sont exprimés depuis le Vatican où ils sont en visite, appelant tous les membres de la communauté à descendre dans la rue dimanche, tel que rapporté par France TV.
Les meurtriers «veulent mettre les gens les uns contre les autres»
Voilà donc l’état d’esprit actuel des musulmans de France, même si des attaques islamophobes semblent vouloir, certainement sans succès, saper cette solidarité bâtie par les chefs religieux. Plusieurs mosquées en ont déjà fait les frais, surtout au cours de la nuit de jeudi à vendredi. C’est le cas notamment à Corte (Haute-Corse) et à Bayonne. «Il y a déjà eu des tags, des carreaux cassés, mais on n'a jamais rien dit. Aujourd'hui, c'est la désolation. On ne peut rien faire. […] Ces gens qui ont attaqué le journal n'ont rien à voir avec l'islam, poursuit-il. Ils veulent mettre les gens les uns contre les autres», a déclaré à Libération, Nagach Lkouchi, président de l'association qui gère la mosquée de Bayonne qui a découvert sur les murs et le portail des locaux des inscriptions telles : «Charliberté», «assassins» ou encore «sales arabes».
Cette élan de solidarité est également - peut-être pas au même degré - manifeste au Maroc. Même la prière en présence du roi Mohammed VI ce vendredi à la mosquée Al Imane à Casablanca, en portait implicitement l’empreinte.