Le chef du gouvernement évite de répondre aux «prophéties» exprimées par le chef-adjoint de la police de Dubaï. Samedi sur son compte Twitter, le lieutenant général Dahi Khalfane prédisait «la chute fracassante des frères musulmans du Maroc, dans une année ou plus», visant directement le PJD. Une sortie qui relaie les commentaires de médias égyptiens accusant la confrérie des Frères musulmans d’être derrière la crise entre Rabat et le Caire.
Les premiers concernés par les présages du responsable émirati se devaient de réagir mais ils ont préféré temporiser. Contrairement à son habitude, Abdelilah Benkirane s’est gardé de toute déclaration intempestive qui «porterait atteinte aux bonnes relations entre Rabat et Abou Dhabi», a-t-il expliqué dimanche à Rabat à l’occasion d’une rencontre partisane avec les chefs des sections de l’organisation de la jeunesse de la Lampe.
«J’ai soumis le dossier au roi»
Cette attitude du secrétaire général du PJD ne surprend pas. Benkirane, connaissant parfaitement les liens étroits unissant le royaume et les Emirats arabes unis, n’a fait que suivre la position de retenue du Mouvement unicité et réforme. En effet, la matrice du PJD avait observer le silence lorsque Abou Dhabi a intégré, en novembre dernier, Ahmed Raissouni, ancien chef du MUR et actuellement membre de son conseil national, dans sa liste des organisations et personnes terroristes. Là aussi, c’est sa proximité avec les Frères musulmans qui avait été pointée du doigt.
Force est de constater que les PJDistes ont parfaitement compris la leçon de l’éviction de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Saâd Dine el Otmani, lors de la composition de Benkirane II, tombé en disgrâce après une réunion avec des islamistes des FM koweïtien lors d’un déplacement officiel dans l’émirat.
Mais dans les bases du PJD, la colère montre contre Dahi Khalfane, et le chef du gouvernement en est conscient. Dans une tentative de calmer une partie de sa jeunesse qui lui réclame une riposte, Benkirane a révélé qu’il a soumis l’affaire au roi Mohammed VI. Une manière pour lui de se débarrasser d’une question brûlante mais qui dépasse ses capacités d'action.