Presque deux semaines après la publication du communiqué du procureur du roi près la cour d’appel de Casablanca annonçant le classement de l’enquête sur le décès de Abdellah Baha, Abdelilah Benkirane aborde de nouveau le parcours de son ancien frère d’armes. Mardi soir, à l’occasion d’une réunion avec les députés de son parti, le chef du gouvernement a consacré la première partie de son intervention aux défauts de son fidèle compagnon.
Le chef du gouvernement souhaite ainsi étouffer dans l’œuf certaines histoires qui commencent à se répandre, érigeant l’ex-n°2 du parti de la Lampe au rang de «mythe». Et pourtant, juste après l’accident tragique, une certaine presse, avec la bénédiction de la direction du PJD, avait nettement contribué à la diffusion d’une image de Baha qui le plaçait au-dessus du commun des mortels.
«Il aurait séché les prières du vendredi»
Le meilleur moyen d’écorner l’image de Baha devant les députés du PJD était surement de s’attaquer à sa ferveur religieuse. C’est sans doute pourquoi Benkirane a tenu à parler de l’assiduité aux prières du vendredi de l’ancien ministre. «Au début de l’expérience gouvernementale, même s’il tardait, je l’attendais pour aller prier ensemble à la mosquée et après j’ai décidé d’aller sans lui», a-t-il révélé. Et pour les islamistes, sécher le rendez-vous du vendredi ne pourrait être que l’œuvre d’une foi instable.
Obéissant à une stratégie bien tracée visant à lézarder au maximum l’image de Baha, Benkirane a ensuite confié que le défunt aurait refusé de lui prêter de l’argent. «Il m’a dit non. Il a voulu garder ses sous pour lui». Le chef de l’exécutif n’a pas précisé à quand remonte cette anecdote : du temps de l’opposition ou de l’expérience gouvernementale ? Mais ces propos sont à prendre avec des pincettes sachant qu’avant cette sortie pour le moins bizarre, des informations largement diffusées sur le net affirmaient que le défunt n’a laissé sur son compte bancaire que la somme de 15 000 dirhams.
«Il ne maitrisait pas son équilibre»
Le fil des «révélations» de Benkirane sur son «frère» s’est poursuivi. Devant les députés du PJD, leur leader a estimé que Baha «n’était pas brillant dans tout ce qu’il entreprenait». Selon lui, il avait également des difficultés à maintenir son équilibre lorsqu’il marchait. Pour appuyer ses dires, il a raconté que «sa boîte noire» avait failli trouver la mort à deux occasions : «la première au barrage de Akrach (ndlr : à Rabat) et la deuxième sur une plage de la capitale». Il aurait trébuché avant de tomber dans les eaux. Allant plus loin, le chef du gouvernement s’est ensuite hasardé à lancer «c’est peut-être là la cause de son décès», à Bouznika.
Benkirane a conclu son intervention par une référence aux rumeurs de complots qui circulent depuis le décès de l’ex-ministre d’Etat. Il a appelé les PJDistes à oublier les circonstances de la mort de Baha et à accepter les résultats de l’enquête.